Il est curieux comme il faut du temps pour maîtriser les gestes les plus simples. Par exemple, faire un noeud de cravate, ou se raser (pogonotomie). J'ai perdu mon père jeune, et je me suis trouvé sans modèle. Si bien que j'ai dû tâtonner pour mettre au point ma technique. Il m'a fallu plus d'une décennie pour que j'atteigne une asymptote. Idem pour le repassage, auquel je me suis mis en autodidacte.
D'où je déduis que l'on apprend principalement par l'imitation. Le rôle du milieu est fondamental. Et que l'Education nationale, qui croit à une forme de spontanéité du savoir, et à la capacité à sélectionner le talent, se trompe. D'ailleurs, elle n'est pas honnête. Ses concours les plus prestigieux sont réussis grâce à un "bachotage" féroce. Je me souviens par exemple d'une normalienne qui me parlait de l'agrégation, et de camarades qui faisaient des bruits laissant entendre qu'ils étaient tombés sur le sujet qu'ils attendaient, histoire de décourager leurs adversaires.
Cela illustre aussi la nature du changement. Selon Paul Watzlawick, il y a deux types de changement. Le premier est un changement de système. On décide de passer du rasoir électrique au rasoir à lame. Cela se fait en un claquement de doigts. Le second est un changement au sein du système. Il prend une décennie, voire plus, et il avance par essais et erreurs. On se trompe beaucoup et soudain surgit une idée de la stratégie de repassage qui défait l'opposition du pli rebelle.
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