dimanche 30 avril 2017

Ingénierie système


Françoise Caron est un des quelques spécialistes français de l’ingénierie système. Qu’est-ce que l’ingénierie système ?

Genèse
François Caron fait une thèse en chimie quantique. Elle travaille sur un projet de CAO chimie puis est embauchée par la start-up Dassault Systèmes. Elle s'occupe de « l’industrialisation des produits et des processus » (on partait alors de zéro). Ensuite, elle rejoint un cabinet de conseil expert des architectures de systèmes d’information.  Elle y « crée une activité spécifique pour le marché industriel : développer des architectures modulaires pour faciliter la gestion de gros projets : plusieurs équipes, plusieurs niveaux de chaînes de valeur… » En 2005, elle « crée Eiris Conseil, un cabinet centré sur l’ingénierie système qui en était à ses prémices en France. Pour répondre aux problématiques  et « points durs » industriels de grands comptes Airbus, Schneider, constructeurs et équipementiers automobiles, etc. et aussi de PME, » elle « poursuit aussi une activité de recherche dans le domaine et enrichit ainsi l’offre de conseil et de formation du cabinet. »

Ingénierie système
L’entreprise française, telle que je la vois tous les jours, c’est du bruit et de la fureur. On y vit dans l’urgence. On part dans tous les sens. On fait du spécifique pour chaque client. Et plus on fait du spécifique, moins on a les moyens de développer un produit compétitif, et plus on refait du spécifique pour compenser… L’ingénierie système corrige cette tendance regrettable.

« L’ingénierie système fournit des outils pour parer aux aléas de la réalité, de l’imperfection. Ainsi, tout devient gestion du risque. » « Par exemple, nous pouvons profiter de la fenêtre de tir marketing que nous ouvre telle innovation, même si le produit n’est pas totalement abouti, en nous dotant des moyens de réagir en cas de risques avérés, voire en cas d’imprévus. Et au-delà de la simple correction de tir, il sera possible de profiter de l’occasion pour tirer le meilleur parti des retours de terrain. »  On entre alors dans une logique d’amélioration permanente.  Brillant.

A ce point apparaissent quelques idées d’une grande puissance. La première est le « plan produit ». L’entreprise publie son plan de développement et le partage avec son marché.  C’est son outil de relation client. Le client exprime son besoin et l’entreprise en tient compte dans sa réflexion. Le client peut ainsi savoir ce qu’il peut attendre de son fournisseur, à long terme. Fini le tout spécifique.
Ce plan produit est aussi le moyen de pilotage de projet.  « Il est dirigé vers l’utilisateur et piloté par une « matrice de couverture » des fonctionnalités requises par le marché. »

Finies aussi les négociations conflictuelles et les demandes imprévues. Les échanges avec les  clients et les fournisseurs deviennent des flux  « organisés et gérés ».

Autre concept important : celui de la traçabilité. Tout le jeu économique se gagne dans un savant mix innovation, réutilisation. Il faut profiter de l’innovation aussi tôt que possible pour en tirer l’avantage maximal, mais il faut réutiliser au mieux l’existant pour réduire les coûts et les temps de mise au point. Tout cela se fait par une capitalisation intelligente de l’expérience passée, réussie ou non.

Et l’on en arrive à un bénéfice inattendu. L’ingénierie système garantit à la fois les coûts, les dates de mise sur le marché, et donc les revenus. De ce fait, les moyens dont ont besoin la recherche d’innovation et le développement de nouveaux produits sont sanctuarisés, dirait notre gouvernement. Fini le cercle vicieux français.

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