dimanche 22 septembre 2019

La grande peur des antibiotiques

Et si le réchauffement climatique était moins à craindre que la résistance aux antibiotiques ? Ramanan Laxminarayan, un des spécialistes de la question, l'analyse pour la Vie des idées.

Le plus important est, peut-être, de comprendre les fondamentaux du problème. Les usages des antibiotiques vont très au delà de ce que nous croyons.
  • Bien des maladies ont été éradiquées, par les pays développés, grâce à des mesures que l'on pourrait qualifier "d'hygiène". Ailleurs, les antibiotiques sont utilisés comme substitut. 
  • On a découvert que, à faible dose, l'usage d'antibiotiques permettait d'augmenter énormément la production de viande. 
  • Sans les antibiotiques, beaucoup d'opérations, comme les greffes, seraient impossibles. 
Leur perte d'efficacité vient, principalement, d'un usage excessif, qui résulte en une sélection naturelle (ou artificielle ?) de germes résistants. Par exemple : "Les stations d’épuration des usines de fabrication d’antibiotiques sont en partie responsables du transfert de gènes de résistance dans le microbiote humain ; elles constituent une menace sérieuse pour l’efficacité des antibiotiques étant donnée l’importance du secteur pharmaceutique en Inde. Dans de nombreux pays, dont l’Inde et la Chine, il n’existe pas de réglementation pour le rejet de déchets antimicrobiens dans l’environnement, or une telle réglementation est indispensable." Notre environnement est "pollué par les antibiotiques".

Que faire ? Nous nous trouvons dans un "dilemme du prisonnier". Le gain individuel prime l'intérêt de humanité. Le médecin, par exemple, satisfait son client en lui prescrivant des antibiotiques, même lorsque ceux-ci sont inutiles. Or, il suffit que quelqu'un se comporte mal pour que la population mondiale soit affectée. Sans prise de conscience collective, il est interdit d'espérer.