Le général de Gaulle est un marronnier de ce blog : comment juger son action ?
Une première idée que j'ai eue en lisant sa biographie est que cette action a produit l'effet inverse de celui qu'il en attendait. Fâché de l'instabilité du régime politique français, il a pensé qu'un retour à une forme de pouvoir monarchique était ce qu'il fallait au pays. L'alliance du peuple et du gouvernant tiendrait les "intérêts spéciaux" en respect, comme sous l'ancien régime. C'est le contraire qui s'est passé. Le pays est devenu une forme de démocratie anglo-saxonne dirigée par deux partis, frères ennemis, représentant les "intérêts spéciaux". (René Rémond, sur le sujet.)
Une seconde idée m'est venue récemment. Pour nous, l'après guerre est un temps de calme et de bonheur. Or, il n'en fut rien. Jamais la France n'a été aussi inflammable. Côte à côte on trouvait des déportés et leurs dénonciateurs, des résistants et des collaborateurs, une armée revancharde qui a fini par tenter un coup d'état, un parti communiste, cinquième colonne de Staline, qui récoltait pas loin d'un tiers des votes, des intellectuels hier pacifistes, maintenant "engagés", qui rêvaient de terrorisme, des Américains qui voulaient liquider la France, pour lui ôter l'envie de repartir en guerre... Et on ne compte plus les attentats contre de Gaulle.
De Gaulle et les politiciens de son temps ont réussi à créer quelque-chose d'invraisemblable, de miraculeux : un élan qui a embarqué le panier de crabes français dans une grande course vers le "progrès".
Peut-être que, si de Gaulle avait analysé les raisons de ce "miracle", il n'y aurait pas eu de cinquième république ?