jeudi 12 novembre 2020

Universalisme et minorité

Que signifie "universalisme" ? Apparemment qu'il y a une nature humaine, qui nous est commune à tous. C'est la devise de la France. Le coronavirus nous rappelle que nous sommes bien dans le même bateau. Nous sommes interdépendants par la santé, et (encore plus ?) par l'économie. On est en passe de redécouvrir la notion "d'intérêt général". 

Qu'a-t-on à reprocher à "l'universalisme", alors ? Y aurait-il des surhommes ? On l'a dit à une époque, mais il n'y a plus beaucoup de traces de cette opinion sur Internet. La seule critique que j'ai trouvée, mais j'ai peu cherché, concerne les "minorités", qu'il s'agirait de "protéger". 

Ce terme de "minorité" est une notion anthropologique, sans être anthropologique. Nous ne sommes pas que des individus, nous avons aussi une identité collective. Identité multiple d'ailleurs. Un tel peut se définir comme français, appartenant à sa famille, juif, croyant - mais pas orthodoxe, polytechnicien, membre de son entreprise... Chaque groupe a une "culture" dit l'anthropologie, c'est à dire, approximativement, des règles inconscientes qui guident les comportements de ses membres. La notion de minorité, qu'il faut probablement opposer à majorité, signifie qu'il y a conflit. 

Mais pourquoi doit-il y avoir conflit ? Et pourquoi, d'ailleurs, faudrait-il fatalement protéger une minorité ? Traditionnellement, ce sont les majorités qui ont été opprimées par la minorité ! La première fois que j'ai entendu parler de "dictature de la majorité", c'était chez Tocqueville, qui craignait que la noblesse ne soit submergée par la masse des manants. L'économiste Mancur Olson a même consacré des travaux à cette question et conclut que c'est la minorité qui tend à exploiter la majorité !

Comme le disait un précédent billet, c'est en jouant sur les "minorités" américaines que Barack Obama a obtenu une majorité ! Il n'y a ni majorité, ni minorité, mais une collection de groupes humains, et ces groupes, comme on le voit dans le cas de "un tel" ci-dessus, ont des intersections communes. On se retrouve dans le modèle que Kant a défini pour les nations. Les nations vivront en paix, le jour où elles profiteront de leurs différences. Ces différences qui, hier, produisaient le conflit, aujourd'hui, seront un stimulant à la créativité. C'est parce que l'on respecte la nature universelle de l'homme, que l'on doit parvenir à faire cohabiter ses identités collectives. C'est probablement ce que l'on appelle la "laïcité". 

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