samedi 27 décembre 2008

Aznavour l’Arménien

Charles Aznavour vient de recevoir la nationalité arménienne.

En 68, il lui était inconcevable de devenir arménien, dit-il. Il était français.

La France ne change pas ? 

Depuis la Révolution de 89, jusqu’à la fin des années 60, ça a été une formidable machine d’intégration. Émile Durkheim, par exemple, a jeté aux orties son destin de rabbin, pour devenir le grand prêtre du positivisme scientifique. Le fondateur de la science de la société. Et un nationaliste forcené. Non seulement les communautés disparates qui constituaient le pays ont vendu leur âme contre celle de citoyen français, mais on venait de partout dans le monde pour faire de même (cf. Le Romain Gary de La promesse de l'aube). Une énorme partie de ce que nous considérons comme notre élite a été remontée des profondeurs de la nation, de son immigration, par notre « ascenseur social ».

Que nous est-il arrivé ces quatre dernières décennies ? Avons-nous soudainement douté des valeurs qui nous avaient fait mettre notre intérêt individuel au second plan ? L’égoïsme a frappé et a déglingué l’ascenseur social ? Nous avons compris qu’il ne fallait plus attendre d’aide de la solidarité nationale, mais reconstituer des réseaux d’entraide à partir, notamment, des débris de nos identités anciennes ?

Sur les malheurs de l’ascenseur social : La France de Dickens? et sur Durkheim : PRADÈS Jose-A., Durkheim, Que sais-je?, 1997.

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