dimanche 7 décembre 2008

De l'utilité de la philosophie

Lucien Jerphagnon sur la philosophie :
(…) la philosophie ne se périme pas plus qu’elle ne se stocke.
(…) Aujourd’hui encore, alors que les problèmes se posent si différemment d’autrefois, du haut d’un savoir devenu énorme et impossible à dominer – et toujours aussi tragiquement insuffisant à notre bonheur -, il se peut qu’au détour d’un vieux livre, un instant de connivence vienne réjouir notre esprit. Le temps d’une lecture, un aspect des choses ou de nous même se dévoile à nos yeux, et nous découvrons que nous n’y avions seulement jamais songé. Il y eut donc des moments, dans l’histoire des hommes, où l’on pouvait être héraclitéen, parménidien, platonicien, aristotélicien, thomiste ou ce que vous voudrez – et s’en trouver comblé. Et la nostalgie que peut-être vous éprouverez de ne plus être contemporain de cette paix de l’esprit est savante. Elle vous assure déjà que vous êtes entré, au moins pour un moment, dans les raisons du philosophe qui apportait cette paix. Que vous avez conspiré avec une intuition dont vous n’avez plus envie de contester le bien fondé : « en philosophie, disait Ferdinand Alquié, on ne réfute guère que ce qu’on n’a pas compris. » Et puis vous découvrirez aussi que ce moment là de votre temps est contemporain de votre propre temps.
(…) il n’y a de pensée définitive que pour ceux qui ne pensent pas.
JERPHAGNON, Lucien, Histoire de la pensée, tome 1, Tallandier, 1989.

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