Je rebondis sur l'article de Christophe "Liquidation de la presse ?"
En tant qu'ancien journaliste, je reste sensible au sujet. La presse française est encore malade de la radicalisation des idéaux fondateurs de la Résistance, selon lesquels l'information n'est pas un produit comme les autres. Or, nous avons devant nos yeux le fait qu'il s'agit bien d'un produit et que ce terme n'est pas un gros mot. Non, le marketing n'est pas mauvais ! Non, faire de l'argent avec la presse n'est pas un renoncement ! Ou, pour faire plus court : non, la capitalisme n'est pas le diable !
L'éthique, l'honnêteté, l'exhaustivité et toutes les autres valeurs attachées à l'information des lecteurs sont autant d'attributs de ce produit. C'est-à-dire que les clients n'achèteraient pas l'information sans voir ces attributs (vous le feriez, vous ?).
La presse française est aussi victime de ses archaïsmes, notamment dans le domaine de l'impression et de la distribution. C'est l'un des derniers bastions des coopératives d'inspiration soviétique où le conservatisme et les intérêts particuliers l'ont emporté sur l'aptitude au changement et l'intérêt général - et c'est peu de le dire ! Ces derniers jours, le syndicat du livre a empêché manu militari la tenue d'un CE à l'Union de Reims, séquestrant le PDG (il s'appelle Hersant, mais est-ce une raison ?). Jolie démonstration de démocratie.
L'avenir de la presse consiste désormais - en partie - à vendre des applications, des abonnements et de la publicité (des produits) sur l'iPad et autres supports numériques (qui contournent ces archaïsmes dinosauriens). CQFD ?
1 commentaire:
"produit gros mot" est certainement le coeur du problème.
La presse a cru perdre son âme. Elle a été tétanisée, incapable de se transformer. Or, "l'éthique, l'honnêteté, l'exhaustivité..." sont les meilleurs arguments commerciaux. Il y avait donc un moyen de "changer sans changer".
Maintenant, je soupçonne que nous allons passer par une phase de transition pendant laquelle la réduction des coûts (pigiste stagiaire corvéable à merci) va être le maître mot. Jusqu'à ce qu'il sorte du champ de bataille quelques titres que l'on ait envie de lire, et qui respectent l'éthique du journalisme. (J'espère aussi que les quelques titres survivants vont savoir se réinventer sans passer par le nettoyage par le vide de la faillite...)
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