Le moteur du billet est le paradoxe. Par exemple, le divorce entre ce que veut le réalisateur et ce que cherche le spectateur. Nous aimons l’émotion, les beaux sentiments. Le réalisateur, lui, est souvent préoccupé de morale. Capitaine Blood, par exemple, n’est pas un film de pirates et d’amour, mais une œuvre à la gloire de la petite entreprise et de ses valeurs de faible QI, par opposition à l’axe du mal qu’est la culture incompréhensible et malfaisante de la vieille Europe.
Le réalisateur est-il un manipulateur ? Il me semble plutôt chercher à apporter une solution satisfaisante à un problème qui lui tient à cœur. Exercice de rationalisation touchant.
Mais il y a mieux, selon moi. Le cinéma est une partie de la culture de son temps. Il révèle ses maux et préoccupations (cf. Shame). Le plus intéressant est ce qu’il ne nous dit pas, ce que nous ne comprenons plus. Ce qui manque au film, c’est tout ce qui allait de soi à son époque et qui a disparu depuis. Ce que nous trouvons invraisemblable, c’est ce à quoi on voulait croire alors, ce dont on avait besoin pour trouver la vie supportable. Le cinéma est une extraordinaire machine à remonter le temps.
Est-ce ceci qui fait que je vais au cinéma ? Non. Mais je suis incapable d’exprimer ce qui me plaît ou non dans un film. Et pas sûr d’avoir envie de le faire.
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