Les heureux hasards du virus. J'ai exhumé Early victorian novelists d'une pile de vieux livres. Sa première édition date de 1934. Le dépaysement commence dès la première de couverture : one shilling and sixpence. Il se poursuit à la quatrième : l'auteur, Lord David Cecil, est le fils du quatrième marquis de Salisbury, et il est marié à une des filles de Desmond McCarthy, est-il dit.
Les oeuvres des grands noms de l'écriture victorienne y ont droit à une critique en règle, comme on n'en fait plus. Et l'on comprend pourquoi nous sommes devenus féministes : en ces temps, le génie était féminin ! Parmi les sept auteurs cités, quatre sont des femmes. Et ce sont probablement les plus intéressants. Il y a : Dickens, Thackeray, Trollope, Charlotte et Emily Brontë, Mrs Gaskell, et George Eliot. (Trollope et Mrs Gaskell m'étaient inconnus.)
En résumé ? Toutes ces oeuvres sont mal fichues, ces écrivains étaient des autodidactes mal dégrossis, qui ne pouvaient imaginer ce qui existait en dehors de leur monde étroit (Mrs Gaskell, digne femme de pasteur, était incapable de décrire un homme, espèce qui lui était totalement inconnue). Mais ils ont une forme de génie : il jaillit de leur spontanéité. La force, surprenante, du texte de David Cecil tient en une sorte de "méta analyse", pleine d'énergie et de passion. Il montre ce qui se joue derrière l'oeuvre. Par exemple, dans Les hauts de Hurlevent, les personnages sont animés par les forces telluriques de leur milieu de naissance. Lorsque ces forces sont contrariées, c'est le drame. Pour George Eliot, c'est l'épreuve qui révèle notre être profond, bon ou lâche. C'est ce que racontent ses livres.
Voilà une étude qui mériterait d'être rééditée.
("those who do care for art as such will discover a satisfaction in them that all the conscientious craftsmanship of today hardly ever provide.")
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