Voici comment on voyait l'avenir de la médecine en 1966.
"(les vingt prochaines années) la majorité des maladies virales, sinon toutes, seront vaincues, grâce soit à l'immunologie, soit à la mise au point de substances antivirales spécifiques. On peut penser en outre que les virus serviront l'homme, non seulement dans l'étude théorique des cellules somatiques, mais également en thérapeutique de l'hérédité. (Cancer :) je pense que nous pouvons raisonnablement espérer mettre en évidence les causes fondamentales, sinon de toutes, du moins de nombreuses formes de cancer. ( ) Cela nous permet également de prédire une véritable thérapeutique préventive et curative, épidémiologique, immunologique et chimiothérapie, soit par modification et régulation de l'activité des gènes, soit par réparation ou remplacement de ces gènes." (Edward L. Tatum, La biologie moléculaire et l'avenir de la médecine, Atomes, décembre 1966.)
L'article se poursuit en parlant d'eugénisme : corriger ou remplacer les gènes nocifs, avant la naissance.
Tout cela résulte des espoirs qu'ont fait naître les avancées de la biochimie, qui commencent avec la découverte de la double hélice de l'ADN, en 1952.
Cela illustre beaucoup de choses. D'abord la tendance du scientifique à s'enflammer. Ensuite, sa croyance innée en la simplicité du monde, une machine dont on peut lire le programme, et en son pouvoir à corriger ce programme. Et enfin, après l'hybris, némésis : plus on croit toucher au but, plus il s'éloigne. La simplicité se noie dans la complexité.
(La biologie moléculaire a des émules modernes : les laboratoires de Biotech, qui sont l'équivalent, dans le domaine médical, des start up du numérique. Gorgées d'argent, elles cherchent à réaliser le rêve d'Edward Tatum.)
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