mercredi 28 décembre 2011

L'hébreu, langue du changement?



L'hébreu est une langue formidable, dans laquelle les termes sont construits autour de racines de 2, 3 ou 4 consonnes: il y en a 22, cela limite donc le nombre de racines existantes. Une même racine, conjuguée dans l'une des 7 formes qui existent (cf. l'article Wikipedia sur la conjugaison hébraïque), peut prendre des sens différents, mais souvent assez proches: apprendre et enseigner, écrire et dicter, venir et apporter, etc. 


C'est bien entendu le cas du verbe "LeChanot", qui signifie changer. Mais ce qui est étrange, c'est que l'une des formes dérivées, "LichNot", signifie répéter, apprendre par coeur, voire étudier! On le retrouve dans le terme "Michnah", qui qualifie le texte qui a servi de base au Talmud, la version par écrit de la loi orale, traditionnellement transmise de génération en génération depuis Moïse. Comment ces deux sens peuvent ils se rapprocher?

Les dix commandements, un sacré changement pour l'époque...
Une première interprétation, consiste à comprendre que cette loi orale n'aurait jamais dû, initialement, être figée, par écrit. Contrairement à la Torah, fixe, inchangée depuis sa promulgation, la loi orale était flexible, évolutive, susceptible d'adapter un cadre légal rigide aux évolutions de la modernité: par exemple, adapter les lois des fêtes juives à une présence en dehors de la terre sainte, quand la diaspora devient nécessité. Son enseignement se faisait par répétition, par coeur, des textes initialement transmis. Répétition et enseignement sont toujours allés de pair dans l'enseignement talmudique.

Quelques traités de Michnah
Il y a une autre interprétation du lien cacher entre ces deux sens d'un même verbe. On ne change pas du jour au lendemain: pour changer, il faut répéter plusieurs fois les mêmes gestes, développer de nouveaux réflexes, faire sortir les anciennes habitudes pour en acquérir de nouvelles. La répétition est la principale forme d'enseignement. N'appelait-on pas autrefois, en français, certains enseignants des "répétiteurs"?...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

1ère interprétation très interessante, merci!

Christophe Faurie a dit…

Il y a peut-être une piste que ce blog pourrait tenter d'exploiter, ici : le sens que chaque culture donne à changement...

Herve a dit…

Ou la liste des expressions courantes, construites autour du verbe changer: "change your mind", "changer de chaussettes". Tout un programme...

Dominique Delmas a dit…

Les anciens avaient du bon sens et surtout une connaissance empirique parfois étonnante, car, si comme le note Hervé changer et répéter sont cousins et peuvent s'entendre par leur complémentarité "je répète pour changer", la science vient ensuite corroborer ce bon sens, car lorsque l'on répète, on crée des circuits neuronaux nouveaux (typiquement la conduite automobile ou le vélo) qui modifient notre comportement (expérience de Pavlov).
Sur un plan évolutif, certain caractères sont ensuite intégrés dans le patrimoine génétique et transmis.