dimanche 15 janvier 2012

Génération BSP et RSE

Par Dominique Delmas.

Vendredi, dans le cadre de mes expertises, je suis allé consulter le dossier public «environnement» d’un industriel important. La DRIEE avait mis à ma disposition une dizaine de documents, récents, de 50 à 400 pages chacun, qui matérialisent le suivi du respect des obligations dudit industriel en matière d’environnement… En 1990 lorsque je rédigeais ces mêmes documents, ils ne comportaient qu’un seul volume de 30 à 40 pages! Et lorsque je frappais à la porte des dirigeants d’entreprise pour vendre ces études d’impact avec des contrôles de pollution, le contact était condescendant, ironique, amusé, agacé, rarement curieux et jamais aucun volontarisme ou motivation n’alimentait l’échange.

C’est donc sans doute la foi inébranlable et la fougue de la jeunesse qui me poussaient. L’écologie, l’environnement étaient alors encore, l’apanage des doux rêveurs idéalistes. 20 ans plus tard, lorsque je regarde la génération des dirigeants en place, je m’amuse de voir leur intérêt appuyé et leur connaissance sérieuse lorsque l’on parle « d’environnement ».

Ce long cheminement a été bien sûr porté par l’émergence du code de l’environnement et la pression de son volet pénal (aujourd’hui plus épais que le code civil), et par l’évolution de la société civile.Quelle entreprise n’a pas son  « responsable environnement » ? La génération actuelle, qui pétille d’initiatives, est née avec les concepts du développement durable dans les cartables et les cartoons.

Elle sera probablement le maillon entre son arrivée à maturité et le développement en marche de son prolongement : la RSE/RSO – Responsabilité Sociétale des Entreprises ou Organisations. Les réalités douloureuses comme la raréfaction de certaines ressources, la pression de la démographie, la mondialisation, la faiblesse des Etats, les technologies de l’information, l’évolution de la société civile en tant de crise seront probablement ses moteurs.

Mais si la prise en compte de « l’environnement » dans l’entreprise a été poussée par la réglementation, la RSE semble poussée par le BSP (le bon sens paysan). ISO 26000, basé sur le volontariat et conçu par plusieurs centaines d’experts du monde entier, en est l’illustration parfaite. Sans doute la RSE arrivera-t-elle à faire ce que le développement durable à loupé, convaincre les actionnaires et investisseurs.

Un article de la newsletter de Mc Kinsey Quarterly (merci Christophe) pose la question : comment avec la RSE créer de la valeur pour l’entreprise et pour la société ? L'étude montre que les managers restent frileux à l’idée de transmettre des projets étiquetés RSE qui seraient vus comme en décalage avec le cœur de métier par les parties prenantes au business. Ses trois auteurs proposent que l’entreprise s’appuie sur quatre principes simples pour mettre en cohérence pur business et RSE :
  1. garder comme objectif la satisfaction des besoins des parties prenantes et de leur marché,
  2. communiquer sur des actions solides et des objectifs de l’entreprise qui sont dans l’intérêt des parties prenantes,
  3. travailler sur le volet RSE avec des parties prenantes déjà partenaires
  4. évaluer et contrôler régulièrement que les objectifs et initiatives de l’entreprise sont en cohérence avec ceux des parties prenantes
Cette démarche correspond à un calibrage permanent de l’étude de marché de l’entreprise. Ce processus donne la capacité d’anticiper le marché, d’innover de créer de la valeur chère aux actionnaires, ce qui rassure les parties prenantes et augmente leur écoute !

Ne serait ce pas là un cercle vertueux ?

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