Je me propose d'illustrer à travers une série de cas déjà commencée - cf les billets : La dialectique de l’expert, et Un trésor bien caché, les principes inscrits dans la récente charte de la FSE.
L'idée est de montrer que l'expert n'est pas dans la théorie ou la communication, mais bien ancré dans la réalisation et la concrétisation de la RSE.
Le 1er principe de la Charte :
Le rôle de l’expert est la mise en œuvre au quotidien du développement durable : Par nature l’expert est l’interface avec les parties prenantes d’un sinistre.Le cas évoqué aujourd'hui relève d'une expertise dite corporelle. Un jeune homme majeur, qui se destine au métier de maçon, devient tétraplégique à la suite d'un plongeon malheureux dans un étang aux eaux peu profondes. Le propriétaire est condamné pour insuffisance d'information sur la profondeur des eaux. Son assureur Responsabilité Civile intervient donc pour réparer le préjudice. Le jeune homme, sans doute bien défendu, se retrouve propriétaire d'une somme conséquente qui lui permet d'acheter une belle maison d'environ 160 m2 avec piscine et auxiliaire de vie permanent. Il fait aménager la salle de bain et la cuisine à son handicap. Un expert judiciaire est appelé pour déterminer le coût de ces aménagements spécifiques. Jusque là c'est un déroulement classique pour statuer sur le complément que doit verser l'assureur du responsable.
Il met à profit sa situation de facilitateur, ses compétences et son expérience, pour permettre à ces parties prenantes de s’acquitter de leur propre responsabilité sociétale. L’expert est ainsi, à la fois acteur du développement durable et observateur des transformations de la société.
Un raisonnement économique déséquilibré : Toutefois l'expert judiciaire se pique de considérer que cet assureur doit également payer une partie de la surface de cette maison. Selon, lui, le jeune homme a dû acheter une maison plus grande que prévu (160 m2) pour accueillir son auxiliaire de vie. Il demande ainsi que l'assureur du responsable prenne en charge 40 m2 de plus. Ce qu'il y de plus choquant dans ce raisonnement fallacieux c'est qu'il est surtout totalement inadapté à la situation du jeune homme et à son besoin. En effet celui-ci, n'a plus de soucis matériel. Il est surtout très isolé du fait de son handicap, et complètement dé-socialisé. Ce dont il rêve c'est un projet à sa vie fracassée. L'expert intervenant pour l'assureur responsable va donc oser monter au créneau et s'opposer tant à l'expert judiciaire qu'à son avocat pour proposer en accord avec l'assureur, qui fait confiance à son expert, que la somme correspondant au 40 m2, au demeurant très discutable, soit investie dans un projet à construire avec le jeune homme.
Donner un sens à une vie. L'expert a observé que le jeune homme accroche sur l'informatique. Il propose donc une formation aux outils informatiques et aux médias sociaux - naissants à l'époque - sur laquelle le jeune homme se "jettera". Il y verra toute l'opportunité de trouver des moyens adaptés à son handicap et d'ouvrir une fenêtre sur le monde. Derrière la crise se dessine alors la reconstruction d'une nouvelle vie, pas à pas.
Cette expertise, certes particulière, illustre bien le rôle unique que l'expert peut jouer pour l'ensemble des acteurs d'une expertise, grâce une neutralité bienveillante que lui confère sa position et son expérience. Il y a là un gisement que certains assureurs tentent d'explorer, mais ont-ils pensé à utiliser l'expert comme partenaire ? Ont-ils la vision des compétences multiples de l'expert, économique, technique, juridique, sociale, médicale... en gestion de crise... de facilitateur, et ses capacités d'innovation?
Vous doutez ? d'autres cas suivront !
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