J'ai découvert le concept "best place to work", dans une conférence, il y a pas mal d'années. On m'avait convoqué pour parler, à contre emploi, de santé au travail. Les autres intervenants avaient de multiples spécialités. La conférence était "l'événement annuel" qui regroupait les cadres du sommet de l'organigramme d'une grande société. A l'étonnement général, dans l'enquête faite par "best place to work", il n'y avait que des entreprises américaines bien classées. Sommé de proposer une explication, j'avais hasardé celle-ci, tirée de mon expérience :
En France, les membres d'une entreprise tendent à vivre une relation passionnelle avec elle. Le patron rêve de virer ses employés, et inversement. L'un et les autres prennent à témoin l'opinion internationale. Ils dénoncent les conditions atroces dans lesquelles ils vivent. Mais, dans les grands moments, ils tombent dans les bras les uns des autres. Aux USA, le pacte est faustien. En échange de conditions de travail idéales, l'employé donne son âme. Mais le réel nom du jeu s'appelle carrière. Il s'agit de parvenir à mobiliser, à son profit, le bloc contre l'adversaire. De le dénoncer comme porteur du mal. Et de le chasser du paradis. L'intérêt collectif ne compte pas.
Chacun de ces modèle a ses règles. Le modèle américain, par exemple, peut paraître hypocrite. Mais, quand on a compris sa logique, on peut en tirer parti. Surtout, cette analyse explique le classement de "best place to work". C'est une question culturelle. Par principe même, l'entreprise américaine est "the best place to work". Par principe même, l'entreprise française est "the worst place to work". (Ou était : nous changeons vite.)
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