Le rapport Gallois a mis le feu aux poudres dit-on. (Mais je ne me suis rendu compte de rien.) De quoi s'agit-il ?
A peine en place, le premier ministre M.Ayrault commande un rapport au Commissaire général à l'investissement, Louis Gallois. 750.000 emplois ont été perdus dans l'industrie en dix ans, et le déficit commercial du pays est abyssal. Comment susciter un "sursaut" ? Réunir la nation dans un "pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi" ?
Pour commencer, le rapport, écrit par un ingénieur des mines et un inspecteur des finances, désigne le cercle vicieux. L'entreprise française se trouve dans un milieu de gamme qui la soumet à une guerre des prix, pour laquelle elle n'est pas armée. Pour s'en tirer, il faut "monter en gamme", et exporter, ce qui demande des moyens qu'elle n'a pas. Non seulement les dommages sont considérables, en termes d'emploi et de finances publiques, mais l'industrie est au bord du précipice. Un peu plus et l'espoir n'est plus permis.
Que faire ? Lui enlever ses handicaps. Notamment : un cadre législatif en mouvement brownien ; des charges, sociales ou autres, considérables ; un manque de fonds propres ; une absence de solidarité et de coopération à tous les étages ; une formation initiale et continue totalement inadaptée ; une Europe qui n'a pas compris qu'elle devait être une équipe et non diviser pour régner, et qui ne se soucie pas de sa dépendance vis-à-vis de l'énergie et des matières premières, et aux risques que cela entraîne. Le rapport parle même de "gaz de schiste".
Pour réussir, il faut un "pacte social", et un "choc de compétitivité" : il faut éliminer brutalement les handicaps de l'entreprise pour que l'industrie reparte.
Commentaire
Dès l'introduction, le ton est donné. Le premier ministre ne pose pas une question, il donne une réponse.
Réponse qui pose tout de même une question de mise en oeuvre : comment créer ce fameux "pacte" dans un pays dont les lobbys les plus puissants sont viscéralement opposés à ce discours ?
A mon avis, l'échec du rapport Gallois est là. Il ne s'est pas préoccupé de construire ce consensus. Dans la tradition française, il a cru que l'on gouverne par décrets ?
(Ce qui aurait été un travail de "conduite du changement" passionnant ! Celui qui a été réussi, en son temps, par le CNR.)
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