mardi 30 décembre 2008

Exit Viadeo

J’ai fermé mes comptes Viadeo, LinkedIn, Plaxo. Pourquoi. Et réflexion sur le parasitisme.

J'ai rejoint tardivement linkedIn. Parce qu’un client m’avait recommandé, et que j’ai pensé qu’une bonne éducation voulait que je m’inscrive. J’ai découvert que j’avais été déjà invité, et que les premières invitations remontaient à 2004. Joie de la nouveauté : utiliser linkedIn pour retrouver des gens perdus de vue. Puis le jeu du réseau amène à d’autres réseaux (Plaxo, Video).

Quelques mois plus tard : je n’utilise plus. Ils me font perdre du temps. Pire, des personnes inconnues me contactent, visiblement des professionnels du réseau (plus de 13.000 contacts dans un cas). Aucune justification de l’intérêt que je présente pour eux. Note comminatoire, lorsque je ne réponds pas à l’avance :

Lorsque 2 membres de Viadeo entrent en contact direct, ils s'ouvrent un accès réciproque à leurs propres réseaux et augmentent donc le nombre de personnes avec qui ils peuvent entrer en relation.
Cette perspective me semble justifier un clic sur le lien ci-dessous, ce qui nous permettra en effet de créer un lien direct entre nous !

Si la nature du lien est aussi ténue, nous sommes tous liés à tous : pas besoin de Viadeo !

Les liens sociaux sont importants, mais je n’ai pas compris ce que leur apportait Internet. Les miens se construisent patiemment, par l’expérience et les crises partagées. Au long cours. Pire, les réseaux sociaux électroniques me semblent victimes de parasites.

Qu’est-ce qu’un parasite ? Quelqu’un qui nuit à un système destiné au bien collectif, et ce pour son seul intérêt.

Pourquoi le parasite est-il le premier à exploiter une nouveauté ? Pourquoi les virus et les spam ont-ils attaqué Internet ? Pourquoi les premiers scientifiques ont-ils été, en majorité, des charlatans ? Pourquoi la religion est-elle la proie des Tartuffe ?... Probablement parce que ceux qui suivent les règles du système sont prévisibles. Si les voitures s’arrêtent aux feux rouges, il est facile d’agresser l’automobiliste. Le parasite est alors capable d’exploiter ces règles pour son propre intérêt.

Idée connexe. Le « théorème du tamis ». Une personne compétente dans un domaine est encouragée à se spécialiser, sa carrière stagne. Par contre, l’homme sans qualités n’aura pas ce handicap, ses chances d’ascension seront démultipliées.

Comment éviter le parasitisme ? Il n’y a probablement pas de panacée. Et puis un peu de parasitisme peut-être bon pour la santé (il rappelle que le phénomène peut exister, et qu’il faut s’en protéger). Cependant l’excès est certainement pathologique, selon l’expression de Durkheim. C’est un « mal » social. Le traitement me semble social, aussi.

  • Le parasitisme est un drame de la solitude. Le parasite veut quelque chose qu’il ne pense pas pouvoir obtenir, parce qu’il est incompétent. Un petit coup de pouce au bon moment peut l’aider à trouver ses talents, avant qu’il se soit engagé dans un cercle vicieux de malversations. Encore faut-il que la société ne l’isole pas.
  • De même, le meilleur contrôle de la déviance est social : le fait que lorsque l’on s’écarte du droit chemin on y soit remis par le mouvement naturel de la société. On peut rouler au milieu de la route dans une campagne déserte, pas dans une métropole : on risque l’accident, plus que le gendarme. La faiblesse du Web 2.0, et d’Internet, est peut-être là : les mécanismes de contrôle naturels à une société n’ont pas eu le temps de s’y établir.

Compléments :

  • Les tactiques du parasite, appliquées à d’autres exemples : Perfide Albion.
  • Le capitalisme comme triomphe du parasitisme : McKinsey explique la crise, Crash de 29 : mécanisme. L’Amérique aime l’innovation, parce que dans ses débuts, elle désorganise la société, ses contrôles sont inefficaces, c’est le Far West, et l’Américain y est sans égal. C’est aussi pour cela que ses innovations sont parfois de simples escroqueries (cf. les innovations financières qui viennent de déstabiliser la planète). Parasitisme et innovation : la théorie de Robert Merton : Braquage à l'anglaise.
  • La théorie de la complexité démontre que c’est la coopération, non le parasitisme, qui, sur le long terme, a le dernier mot : Théorie de la complexité.
  • Les sociétés ont des mécanismes naturels de défense contre le parasitisme : Governing the commons.
  • DURKHEIM Émile, Les Règles de la méthode sociologique, Flammarion, 1999.

3 commentaires:

de guersant a sardenya a dit…

c'est dommage d'avoir fermer le compte linkedin. Les parasites sont controlés par la société et tu est en droit de refuser une invitation. pourquoi s'écarter de la communauté?

Christophe Faurie a dit…

En fait, je n'utilisais plus ces réseaux, il ne servait donc à rien d'y être inscrit.
En outre, il ne s'agit pas d'une réelle communauté, au sens où je vois pas très bien ce que ses membres ont en commun (un ordinateur? une liaison Internet?).
Je peux constituer celle qui m'intéresse par d'autres moyens. Y compris à distance. Par exemple, j'ai établi de très bons contacts avec des universitaires américains (certains sont d'ailleurs cités dans ce blog) par mail.

Anonyme a dit…

J'ai eu le tord de faire remarquer que ces “professionnels du reseauting” ne font que diluer inutilement les carnets d'adresses.
Et qu'ils confondent Viadeo et Facebook.

Cela m'a valu leurs foudres