Aujourd'hui Monfreid serait fiché au grand banditisme et, de surcroît "S". Il était musulman et livrait des armes à qui voulait en acheter.
On est juste avant la guerre de 14. Monfreid a un petit boulot à Djibouti. Il achète un boutre, un petit voilier local, et se met à faire un trafic, semi illégal. Ce qui pousse Monfreid, ce n'est probablement pas le goût du lucre, mais celui de la liberté. Et peut être aussi celui du jeu : du gendarme et du voleur. Car il y a beaucoup de gendarmes, en mer rouge : Français, Turcs, Allemands qui se cachent chez les Turcs, Anglais, Italiens. Monfreid est un excellent navigateur. Avant d'arriver en mer rouge, il avait navigué sur le voilier familial. C'est un excellent observateur. Il se fond dans les cultures locales. Et c'est peut-être surtout un psychologue. Car dans ce monde, il faut se méfier de tout le monde, chacun essaie de profiter de l'autre, de le tromper, mais, en conséquence, pour réussir, il faut établir des réseaux de loyauté. Dans cette affaire, le plus perfide, le moins fiable, est probablement l'administrateur colonial.
Monfreid est aussi un esprit scientifique. Il observe, il explique, il admire. On assiste ainsi à des opérations chirurgicales d'une sophistication à laquelle les nôtres n'ont rien à envier. Notre progrès est tout relatif ! Surtout, on y voit une société coloniale qui n'est pas celle que l'on nous décrit. Le colon n'est pas supérieur à la communauté locale. Il en fait partie. La vie est une lutte où, en apparence seulement, tous les coups sont permis. C'est son habileté à la livrer qui vaut à un individu le respect des autres.
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