Edgar Morin parle de "lutte des classes". Lutte entre la classe des enseignants et celle des élèves. Deux cultures différentes, et un conflit violent. Cela n'existait pas de mon temps. Difficile à concevoir après 68, un mouvement de libération de l'élève, dont sont issues les idées de l'enseignant moderne.
Quand Michel Crozier et Hannah Arendt enseignaient aux USA, après guerre, leurs élèves combinaient leurs forces pour les aider à faire connaître leurs idées. Ils ne se voyaient pas comme des élèves, mais comme des membres d'une religion nouvelle, probablement. Et si la classe devenait une équipe ? Pas seulement maître élèves, mais aussi au sein de la classe. C'est en transmettant que l'on apprend. Aider ses camarades rapporte. Pour enclencher le phénomène, le professeur doit sortir de la parole d'autorité, qui lui met tout le monde à dos. Comme Hannah Arendt et Michel Crozier, il doit montrer en quoi ce qu'il enseigne est réellement utile, et ne sert pas uniquement à obtenir un emploi, ou se conformer à la doxa. En quoi, au contraire, son savoir libère. Voilà qui mériterait d'être étudié.