Les travaux d'Edgar Morin sur la complexité disent quelque-chose de surprenant. L'intellectuel, comme la machine, brasse des concepts. Il est dans un univers différent de celui de la vie, mais qui a un intérêt pour l'homme. C'est cet univers qui nous a apporté ce que nous avons appelé "le progrès".
L'homme, quant à lui, a une "pensée complexe", ou peut-être plus justement, une "pensée sauvage". Si son esprit n'est pas déformé par l'Education nationale, il est capable d'être heureux dans la jungle, la forêt vierge, ou sur la banquise, dans des environnements où le moindre faux pas est mortel. C'est autrement plus admirable que ce que l'on doit faire pour obtenir le prix Nobel.
Entre l'homme et l'intellectuel - machine, il y a l'ingénieur, un intermédiaire.
La crise actuelle pourrait venir de la rupture de cet équilibre. L'intellectuel a pris le pouvoir. Il veut un monde à son image, artificiel. L'ingénieur se veut intellectuel. Et l'homme est le dindon de la farce.