Après de grandes explosions créatives, notamment durant la guerre, la science semble stagner. Pourrait-elle régresser ?
Le progrès est un mythe comme les autres. Notre société se définit comme l'aboutissement de la marche de l'humanité, et, donc, en conséquence, considère de haut ce qui l'a précédé. Mais, lorsque l'on se penche sur le passé, on découvre qu'il n'avait rien de ridicule et que, correctement formulés, nous ne savons toujours pas résoudre les problèmes qu'il pose.
A cela s'ajoute des facteurs conjoncturels. Aujourd'hui un normalien, agrégé de mathématiques, ne va pas étudier les sciences, mais préparer l'ENA. Car il est un esprit d'élite, digne de donner des leçons à la nation. Du coup, pourquoi préparer normale sup, si l'on veut entrer à l'ENA ? Passer par HEC ou science po est plus rapide, et bien plus agréable.
Le niveau de nos mathématiciens a aussi baissé : les meilleurs matheux quittent l'enseignement, or il y a à peu près 50 fois plus de bacheliers (en proportion) aujourd'hui qu'avant guerre. Rappelons-nous que les normaliens, hier, enseignaient dans le secondaire ! Maintenant, ils sont, au minimum, dans l'enseignement supérieur.
Les ambitions, aussi, ont changé. On obtient la médaille Fields pour une démonstration un peu compliquée, alors qu'hier, des Euler, des Gauss, des Cauchy bâtissaient des pans entiers des mathématiques. Plus curieusement, les fameuses conjectures qui font le bonheur des médailles Fields, n'étaient pas considérées comme très sérieuses par ces précurseurs. Au fond, nous ne produisons plus de mathématiciens, mais des phénomènes de cirque.
Mais, peut-être, tout simplement, que tout progrès a une fin. La philosophie grecque est toujours la base de la nôtre, et elle s'est faite sur quelques décennies. (En a-t-on compris toutes les subtilités ?) Il en est de même de la physique fondamentale, qui semble dans une impasse.
La théorie de la complexité parlerait peut-être "d'émergence". Une idée apparaît, prospère, puis connaît un "moyen-âge".
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