Dans les années 90, Michael Porter fait une intéressante analyse des USA :
- Il rappelle que les USA sont étonnamment riches en ressources, or, contrairement aux pays qui leur ressemblent (Brésil et même Canada), ils ne se sont pas endormis sur leurs lauriers et ont développé une économie extrêmement sophistiquée.
- Les USA dominaient quasiment tous les secteurs de l'économie après guerre. Ils ont perdu presque partout, sauf, dans les secteurs critiques, tels que la défense. Pourquoi ? se demande Michael Porter :
- La caractéristique des USA, quasi culturelle, c'est la production de masse. Mais c'est aussi une faiblesse, car produire en masse est généralement incompatible avec une haute qualité. C'est une stratégie coût, pas innovation.
- A cette époque, mais peut-être toujours aujourd'hui, leur état est inquiétant : une science de haut niveau qui ne se transforme pas en entreprise ; baisse de qualité des ressources humaines ; des employés peu formés ; une immigration facile, qui fournit de la main d'oeuvre bon marché - et ne pousse pas à l'innovation ; un marché peu exigeant ; une tendance à la déréglementation (peu soucieux de la santé humaine, des conditions de travail, de l'environnement...) ; endettement à outrance ; judiciarisation à outrance ; un management qui n'aime pas la technique ; aucun effort pour cultiver un tissu de partenaires.
- La puissance des fonds de pension c'est la victoire du court terme. D'où manager professionnel (pas entrepreneur), fusions et acquisitions, pas d'innovation, sous-traitance à l'étranger des composants les plus complexes (donc perte du savoir-faire de l'entreprise).
- Mais le pays est exceptionnellement propice à la start up.
Commentaire
Les travaux de Michael Porter affirment, de manière inattendue, que la puissance de l'économie est intimement liée au modèle culturel d'un pays. Plus ce modèle veut le bien de ses citoyens, plus, par exemple, il pousse ses normes environnementales, sanitaires ou sociales, plus son économie est forte. Paradoxalement, le socialisme est bon pour l'économie !
Or le modèle américain, comme le modèle anglais, est un modèle de classes. Ils s'accommodent très bien d'avoir des miséreux, des réserves et des ghettos, et des milliardaires. Et cela tient peut-être à ce que ce sont des sociétés individualistes. Car, on ne peut pas, seul, passer de gros obstacles. Le modèle bureaucratique "d'organisation machine", démiurge / exécutants, que revêt la coopération aux USA, n'est pas efficace pour faire autre chose que de la production de masse de faible exigence.
En fait, on oublie que les USA sont un monde, relativement peu peuplé, qui pourrait vivre de ses propres ressources naturelles (et de celles de ses satellites). D'ailleurs, ce qu'ils appellent "world games", sont des championnats nationaux. Constatant qu'ils ne sont pas aussi magnifiques qu'ils croyaient l'être, ils pourraient très bien se replier sur leur territoire, et y rester d'autant mieux qu'ils perdront en compétitivité.
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