mercredi 23 janvier 2013

Retrouver l’esprit polytechnicien

On me disait il y a peu qu’il n’y avait plus de solidarité entre polytechniciens. Même au sein des corps les plus prestigieux.

Dans ma jeunesse, cette solidarité me semblait un peu ridicule. Deux polytechniciens qui se rencontraient se tutoyaient, et pensaient immédiatement du bien l’un de l’autre. N’appartenaient-ils pas à une élite que le monde nous enviait ? Lorsqu’un polytechnicien dirigeant avait besoin d’un spécialiste de quelque chose, il appelait un camarade qui avait la dite spécialité. Jamais il n’était question d’argent. On était au dessus de cela. Mais les factures étaient réglées.

Depuis, j’ai changé d’avis. Le réseau des polytechniciens était un réseau de confiance. On y trouvait des gens extrêmement compétents et peu coûteux, en particulier si l’on considère les salaires pratiqués de nos jours. Dans ces conditions, il était rationnel que l’on fasse appel à eux les yeux fermés. Mieux : pas besoin de chercher, d’évaluer… on trouvait la bonne personne tout de suite. Un rêve. Tous ceux qui ont cherché un artisan savent de quoi je parle.

Eh bien, il me semble qu’un enjeu important de notre avenir est de reconstruire de tels réseaux.

2 commentaires:

Herve a dit…

Flatteur

Christophe Faurie a dit…

Pas tant que ça. Car pourquoi en est-on arrivé là? Et attention à une réaction fondamentaliste, qui voudrait revenir au passé sans avoir répondu à la question précédente. Car, les anciennes pratiques appliquées aux nouveaux polytechniciens ressortiraient à une sorte d'entente un rien mafieuse...
Je me suis interrogé. Il me semble que ce qui a été perdu est l'humilité. Le polytechnicien initial était humble, celui que j'ai rencontré (plus vieux que moi) était faussement humble, la nouvelle version est arrogante, et imbue de son génie. (La caricature clarifie le propos.)
Pourquoi en est-on arrivé là? Parce que, hypothèse, les premiers étaient écrasés par la complexité de leur tâche (construire la France avec une science balbutiante), les nouveaux ne sont plus que des administrateurs.
à titre d'exemple : au 19ème siècles, les ingénieurs du corps des mines étaient responsables de la sécurité des chaudières (qui tendaient à exploser), aujourd'hui leurs descendants arrivent directement à la tête des entreprises.