Le monde des animaux n'a rien à voir avec le nôtre. C'est évident lorsque l'on étudie leurs organes de perception. C'est ce que je comprends d'une émission de BBC 4.
C'est un peu comme dans la théorie d'Einstein, de la masse qui courbe l'espace. Chaque espèce aurait son propre espace-temps.
Je me suis toujours demandé s'il n'en était pas de même pour les individus.
Déjà, les visions de la réalité qu'ont les groupes humains n'ont rien à voir les unes avec les autres. Par exemple certains "primitifs" estiment que l'animal descend de l'homme. Ce qui rend leur comportement beaucoup plus "durable" que le nôtre.
C'est aussi vrai pour moi. Au fond, ma vision du monde est basée sur le principe que je suis un nul. Cela a de curieuses conséquences.
- Lorsque j'ai commencé ma vie professionnelle, je m'occupais d'algorithmes. J'étais persuadé que la science était quelque-chose qui dépassait mon intellect. Si bien que j'allais chercher ce qui avait été écrit sur le sujet que je traitais. Du coup, je trouvais des algorithmes très efficaces, vite. Par contraste, mes collègues semblent avoir pensé que leurs diplômes démontraient qu'ils étaient exceptionnellement intelligents. Donc ils laissaient libre cours à leur imagination. Ce qui était catastrophique. Paradoxalement, j'ai vite compris que je devais être prudent : mon efficacité menaçait de laisser croire que j'étais meilleur en mathématiques que mes collègues, ce qui aurait été leur faire perdre la face, puisque, en ces temps, les mathématiques équivalaient au QI.
- Quand je suis arrivé à la direction de la stratégie de cette entreprise, j'ai pensé qu'il fallait que j'écoute le marché. Mes collègues pensaient qu'ils devaient s'écouter eux mêmes. Big bang.
- Il y a vingt ans, lorsque je me suis intéressé sérieusement au changement, j'ai pensé, implicitement, qu'il avait des "lois", comme en physique. Petit à petit, j'ai découvert que j'étais le seul à le croire. Aujourd'hui, le changement est perçu comme un interrupteur : "le changement c'est maintenant". Les Chinois, Aristote ou Hegel proposent des théories du changement extrêmement puissantes. Mais, d'une part, elles n'ont pas été perçues comme telles, et, d'autre part, eux-mêmes les prenaient pour des absolus et non comme des hypothèses, ou comme une contribution à une réalité plus large (comme la physique classique vis-à-vis de la physique d'une manière générale). En quelque sorte, ils disaient "le changement c'est cela".
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