Dans "La désindustrialisation de la France", N.Dufourcq me semble raconter l'histoire suivante :
Après guerre, la France a eu une politique industrielle dirigiste. Puis, à la fin des années 70 (V.Giscard d'Estaing), elle a opté pour le laisser-faire libéral. Aujourd'hui, elle constate son erreur : l'Allemagne et la Chine, en particulier, ont, depuis plusieurs décennies, une politique industrielle extraordinairement agressive. Elle a fait leur fortune, et a puissamment contribué à la destruction du tissu économique français, devenu non compétitif. D'où chômage et dettes (et montée des extrêmes).
L'heure de la politique industrielle a sonné. Mais qu'est-ce qu'une "politique industrielle" ? N.Dufourcq semble penser que c'est lui. Autrement dit la BPI.
Je soupçonne qu'une politique industrielle est un juste milieu. Entre l'interventionniste gaulliste et le laisser-faire giscardien. Autrement dit, les fonds de la BPI ne sont pas suffisants. Il faut, en plus, une action de catalyse, qui va amener notre tissu économique à en faire bon usage.
C'est ce que l'on appelle le "nudge".
Le "nudge" consiste à comprendre les caractéristiques d'une culture, pour donner la juste impulsion, qui amène le système à se transformer. C'est, aussi, le fondement de la pensée chinoise : le "li". Et c'est, d'ailleurs, ce qu'a fort bien utilisé le pouvoir chinois en disant à ses forces vives : enrichissez-vous.
Quel est le li de la France ? 3 constats et une idée :
- Nos entrepreneurs n'ont pas conscience de ce qui constitue leur potentiel. Cela ne peut être vu que par un regard extérieur, celui d'autres entrepreneurs. (Pas de la BPI.)
- Nos entrepreneurs sont de purs entrepreneurs. Ce ne sont pas des managers. Or tout l'art du management est la "valorisation" : tirer le maximum de son "talent" (au sens de la Bible).
- Il en est de même de nos tissus économiques locaux : ils possèdent un patrimoine de savoir-faire qui vaut cher, mais ils n'en ont pas conscience, et sont incapables de l'exploiter car ils sont une Tour de Babel d'entreprises solitaires.
- Le changement doit venir de l'extérieur : du local. L'élu charismatique a le pouvoir de créer une dynamique de transformation. Du patrimoine commun, il fait émerger un projet collectif. Et la mise en oeuvre de ce projet est l'occasion pour les entreprises du territoire de profiter de ce qu'apporte la BPI pour se moderniser.
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