Un spectacle de saltimbanques amateurs m'a fait m'intéresser à Molière.
J'ai cru comprendre que tout était dans la façon de dire le texte. Et que, peut-être, nos pères le faisaient mieux que nous. J'ai cherché des enregistrements anciens et ai découvert une représentation de 1958. Il s'agissait du Misanthrope en costumes modernes.
On se croirait aujourd'hui. Le Misanthrope n'a rien de misanthrope. C'est quelqu'un qui dit ce qu'il pense, ce qui est impossible en société ! Il ne veut pas fâcher, il fait des efforts héroïques pour ne pas froisser ses interlocuteurs. Mais il ne peut trahir ses convictions. "Et pourtant elle tourne !" Qui ne s'est pas trouvé dans cette situation ?
D'ailleurs, il n'a rien d'un bouffon. C'est même quelqu'un qui est recherché, et estimé. S'il n'avait pas ce caractère impossible, il pourrait aspirer à ce que le Royaume compte de meilleur.
Le coup de génie de Molière est de l'avoir rendu fou amoureux de son opposé. Une sorte de Boris Johnson féminin, une langue de vipère qui fait croire à chacun qu'elle l'aime.
En quoi lui plaît-elle ? Peut-être croit-il que, derrière la frivolité de l'apparence, sa nature est fondamentalement bonne ?
Mieux encore ? La fin qui, contrairement au genre de la comédie, se termine en pirouette.
A moins qu'il y ait une "happy end" ? Le Misanthrope a de véritables amis. Eux ont compris qu'il fallait savoir ménager les susceptibilités. Que ce qui compte n'est pas le petit ridicule, mais la nature humaine. Aime et fais ce que tu veux, comme le dit Saint Augustin ?
(Et que l'on corrige mieux les moeurs par le rire que par la critique ?)
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