mercredi 11 février 2009

Réformons la réforme

Les réformes de l’université et la formation des enseignants. Suite d' enquête.

En termes de conduite du changement, zéro pointé.

  1. La réforme est vue comme une attaque personnelle par beaucoup (en premier lieu par ceux qu’elle veut aider ?) : "Ce pouvoir nous méprise et veut nous humilier", "ils veulent notre peau comme Thatcher a eu celle des mineurs anglais". La fracture universitaire, par Gérard Courtois
  2. Pour L'université française, malade du localisme et du corporatisme, par Guy Burgel le mécontentement des enseignants est une réaction de défense normale de toute communauté menacée dans sa légitimité et dans sa dignité. (…) L'université n'a pas besoin d'un retour du jacobinisme ni d'une cure immédiate d'indépendance, mais d'abord de la considération matérielle et morale de la nation, autant que d'une prise de conscience interne de ses forces et de ses faiblesses. On ne réforme pas une société simplement par la loi, mais par l'espoir en soi et la confiance des autres. C'est ce dont manquent le plus les universitaires.

Si la réforme passe, ceux qui doivent la mettre en œuvre se considéreront comme des vaincus, au mieux comme des méprisés. Brillante manœuvre !

Mais, au fait, à quoi servent ces réformes ? Valent-elles le mal qu'elles nous donnent ? Au milieu d’une crise ? Le gouvernement n’aurait-il pas mieux à faire ailleurs ?

Sur l’objectif quantifié de la réforme, rien. Mais sur ses dysfonctionnements, beaucoup. Exemple. Formation des professeurs : parents d'élèves, si vous saviez... explique que les nouveaux enseignants n’auront plus le loisir d’apprendre à enseigner. On compte sur leurs talents pédagogiques naturels. Enseignant : seul métier qui ne s’apprend pas ?

Sommes-nous gouvernés par des apprentis sorciers, ou ces réformes ont-elles des mérites que nous ne voyons pas ? Mais pourquoi le gouvernement ne nous a-t-il pas dit ce qu’il en attendait ? Peut-être aurait-on pu en discuter et lui donner quelques conseils quant à la façon de les réaliser ? D'ailleurs, n’est-il pas étrange qu'il considère les enseignants de l’université et les chercheurs, l’élite intellectuelle du pays, comme indignes d’une explication honnête ? Notre président s’affirme courageux. Pourquoi ne nous expose-t-il pas la raison de cette réforme ? En quoi elle va améliorer notre existence ?

Après bruit et fureur entre en scène une médiatrice. Elle semble bien accueillie. On va négocier.

Réagissant aux déclarations de Mme Bazy-Malaurie, Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, a évoqué un "tournant" et l'ouverture d'"une vraie négociation". "On a en face de nous une personne ouverte au dialogue et qui nous dit qu'elle n'a pas d'a priori", s'est réjoui Yves Markowicz (Sup' Recherche UNSA), même s'il demande toujours "une réforme substantielle du décret"(Universités : nouvelle journée de mobilisation prévue le 19 février)

Mais ne  manque-t-il pas quelqu’un dans cette négociation ? Nous. Un accord entre gouvernement et enseignants prendra-t-il en compte l’intérêt réel de la nation ? Peut-on connaître cet intérêt sans le moindre débat ?

L’erreur est humaine. N’est-il pas temps que le gouvernement se demande comment ne pas la répéter ? Qu’il s’interroge sur ce que signifie gouverner une démocratie ? Sur la façon de mener une réforme dans un pays de gens dignes de respect et responsables ? Qui sait ? Peut-être découvrirait-il alors que ses prédictions sont auto-réalisatrices : nous considérer comme des êtres humains nous rend intelligents ?

Complément :

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