Le billet précédent me remémore un autre résultat : la punition produit l’inverse de l’effet escompté.
Henri Bouquin parle du « paradoxe du contrôle de gestion » : l’organisation prend les règles de contrôle à l’opposé de leur esprit. De même que le syndicat SUD, récemment, a utilisé la lettre de la loi pour trahir l’esprit du service minimum (SNCF en grève). James March décrit ainsi ce qui se passe :
tout système de comptes est une invitation à tricher contre ce système. En conséquence, la comptabilité ou ce qui lui est apparenté peuvent être vus comme un jeu de durée infinie entre comptables et ceux qu’ils comptabilisent, dans lequel l’avantage est aux joueurs, quasiment à plein temps, qui ont un intérêt personnel direct dans son résultat.
Michel Crozier donne une formulation générale à ce résultat :
la dysfonction apparaît comme la résistance du facteur humain à un comportement qu’on essaie d’obtenir mécaniquement
Si le gouvernement ne veut pas de dysfonctionnements déplaisants, il doit prendre exemple sur la tactique qu’a utilisée Nicolas Sarkozy pour résoudre la crise Russo-Géorgienne : écouter, comprendre et négocier.
Compléments :
- Sur Henri Bouquin : Références en contrôle de gestion et sur un autre exemple de son paradoxe : Dangers de la réglementation.
- MARCH, James G., How Decisions Happen in Organizations, Human-Computer Interaction, 1991, Volume 6.
- CROZIER, Michel, Le phénomène bureaucratique, Seuil, 1971.
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