On n'a pas besoin de lumière, quand on est conduit par le Ciel.
Nicolas Sarkozy aurait-il emprunté la piste de George Bush ?
L’histoire américaine de ces dernières années semble assez mal connue en France. Il y eut d’abord la Nouvelle économie, dans les années 90, sorte de millénarisme : l’économie de marché avait gagné le monde, plus de crise, une croissance comme on n’en a jamais vu. Enron en prophète : il faut installer le marché au sein même des entreprises. D’ailleurs, grâce à Internet, elles sont devenues inutiles, elles vont disparaître. Il n’y aura plus qu’un marché et qu’une offre atomisés. Et une petite élite pour en tirer les ficelles. Éclatement de la bulle Internet. Violente réaction de la population : mort aux escrocs ! Les dirigeants d’Enron et de Worldcom sont condamnés à un quart de siècle de prison. George Bush, candidat de la morale, est réélu triomphalement. Triste diagnostic : George Bush est le pyromane en chef ! Pour éviter une crise, l’État américain regonfle la bulle et les Neocon triomphants redonnent un lustre nouveau à l’idéologie de la nouvelle économie. C’est notre crise, « the big one ». Cette fois-ci l’élite économique anglo-saxonne doute.
Je n’ai pas une grande connaissance de Nicolas Sarkozy, mais ce que l’on en dit fait apparaître un possible scénario d’interprétation de sa logique. Je vais donc lui faire un procès d’intentions.
Je suis frappé par le flou de son programme. Il est possible qu’il ne soit pas flou à dessein, mais que son moteur soit « travailler plus pour gagner plus », qu’il cherche à installer une sorte d’économie de marché basée sur la concurrence, qui amène miraculeusement, sans avoir rien à faire, au bonheur éternel. C’est ce que pensait Adam Smith (« main invisible »), ce que croit toujours la plupart des économistes et des scientifiques du management (tous enfants de Smith), et les néoconservateurs.
Si c’est le cas il y a peu de chances qu’il ait renoncé à cette idée : elle est peut-être sienne depuis ses origines ; il est difficile de changer, quand on n’a pas d’idée de rechange (« anxiété d’apprentissage ») ; et contrairement aux Anglo-saxons il n’a pas été frappé en pleine face par l’échec de ses convictions. Au contraire, le modèle français semble réussir (La France comme modèle ?).
Le danger n’est pas là. Il est dans le déficit de l’économie française. Un article du Monde disait que les dernières mesures annoncées étaient une « concession sociale à la dureté des temps ». C’est exactement cela dont nous n’avons pas besoin : de concessions. Le consensus mondial veut une relance massive. Or, la France n’a pas besoin d’être encouragée au manque de rigueur. Or, entre deux mesures d’effets équivalents, il peut avoir des conséquences à long terme extrêmement divergentes. Le micro crédit de Mohamed Yunus fait des miracles, alors que les énormes fonds de la Guerre à la pauvreté des gouvernements américains d’après guerre se sont perdus dans les sables. S’il faut une relance, ses effets doivent être étudiés avec soin, et sa mise en oeuvre contrôlée. Pas un chèque en blanc.
Parce que George Bush croyait proche une ère de béatitude, il a accumulé sans inquiétude d’énormes déficits. Des déchets radioactifs dont il n’est pas certain qu’ils n’ont pas définitivement hypothéqué l’avenir du pays. C’est ça l’idéologie : la foi remplace la pensée. Pour nous ses conséquences seraient d’autant plus graves qu’il y a peu de chances qu’un Obama succède à un Bush : en France un idéologue en cache un autre. Martine Aubry semble en être restée aux luttes sociales du début du siècle, son credo ? Avancée sociale = réduction du temps de travail.
Compléments :
- Nouvelle économie et idéologie néoconservatrice : Grande illusion, Neocon. À noter que les pratiques d’Enron ont connu une généralisation systématique pendant la bulle financière, avec la bénédiction de la présidence américaine (Dr Doom).
- Le marché doit gouverner l’homme : McKinsey réforme l’entreprise.
- Les conséquences externes de l’idéologie néoconservatrice : Consensus de Washington.
- Doutes des élites : Plutôt rouge que mort, The Economist en petite forme.
- Guerre à la pauvreté : Grand expectations.
- Programme de Nicolas Sarkozy : Ensemble tout devient possible, Sarkozy en panne ?
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