Il y a quelques temps, je suis tombé sur un billet d’un blog de The Economist (Frozen trade) qui parlait de blocage d’exportation. Il y avait des vendeurs et des acheteurs des deux côtés, comme d’habitude. Mais les vendeurs ne faisaient plus confiance aux financiers qui avaient émis les lettres de crédit des acheteurs. Les marchandises ne pouvaient plus partir. Le billet observait, en conclusion, que la finance était l’huile des rouages du capitalisme.
Il me semble que la particularité de notre capitalisme est qu’à la fois il repose sur une confiance aveugle, nous sommes tous dépendants les uns des autres, et que cette confiance peut être trahie à tout instant. Alors nous ne valons pas cher. (Cette particularité a été très tôt comprise par les économistes allemands. D’où leur justification du protectionnisme : LIST, Friedrich, Système national d'économie politique, Gallimard, 1998.)
La cause de cette bizarrerie me semble venir du fait que ce système est composé d’individus. Ces individus ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et ils sont convaincus d’être des génies (Éducation nationale : les bons sentiments m’ont tuée et Il n’y a pas que les subprimes). Pour l’individu perdu dans une banque, une entreprise, un laboratoire, un ministère… le reste du monde n’a pas de réalité. Il y va de sa petite innovation. Et ça semble marcher. Et ce pour la bonne raison que le reste du monde est dépendant de l’unité qui l’emploie : il ne peut pas faire autrement qu’accepter ses conditions. Jusqu’au franchissement du seuil de non retour. La confiance, donc la dépendance, poussent au crime.
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