On ne peut raisonnablement pas demander aux agriculteurs de refuser des sources de revenu que l'état des marchés leur permet d'obtenir. Ils n'ont aucune raison de se voir imposer un principe de charité généralisé. On ne peut pas non plus espérer voir le prix des produits alimentaires s'élever pour rétablir un équilibre des prix plus "convenable". La majorité de l'humanité n'y survivrait pas.Solution :
Face à ces deux impasses, que peut-on envisager ? Cela fait de nombreuses années qu'Edgard Pisani appelle de ses vœux l'émergence d'une gouvernance mondiale dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture. La situation kafkaïenne face à laquelle nous nous trouvons actuellement nous fournit la preuve (par l'absurde) de l'absolue nécessité de cette solution. Mais au delà de la nécessité, il y a maintenant urgence. C'est évident.Et s’il n’y avait pas de gouvernance mondiale ? Observations :
- J’aime l’idée de John Stuart Mill selon laquelle il faut éviter de causer des torts à autrui, si on peut s’en passer. Je ne pense pas qu’il aurait trouvé naturel que les agriculteurs puissent causer une famine mondiale pour gagner un peu d’argent. L'agriculteur veut-il être haï ? D’ailleurs, est-il seul propriétaire de sa production, ou occupe-t-il une fonction dans l’ordre social mondial ? Justement, n’est-on pas actuellement dans une crise provoquée par l’irresponsabilité individualiste ?
- Les biocarburants (le blé n’en est pas un) demandent encore d’énormes subventions (La France nouvel Eldorado des biocarburants brésiliens) : il n’est pas évidemment rentable de les utiliser. Bizarre. En fait, le billet compare le prix du blé avec celui de l’essence. Il aurait fallu comparer produit brut à produit brut, et produit fini à produit fini. C'est-à-dire blé à pétrole (extraction), et essence à croissant ou gâteau. Ça change tout. Et ça montre où est le problème que doit résoudre l’agriculteur : se positionner correctement dans la chaîne de la valeur. Il doit apprendre l’art du marketing.
MILL, John Stuart, On Liberty and Other Essays, Oxford University Press, 2006. Changement et culture montre que certains refusent les sources de revenus qui leur sont promises, par solidarité. Les 600m de la Caisse d’Épargne explique ce qui se passe quand on ne le fait pas.
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