mercredi 19 novembre 2008

Google, Microsoft et Olivier Ezratty

Petit déjeuner du Club Télécom. Lumineuse analyse d’Olivier Ezratty de Google et Microsoft. Ce que j'en retiens :

Ces deux entreprises sont aussi concurrentes que la carpe et le lapin. Leur croissance est liée mécaniquement à celle du marché très particulier sur lequel elles vivent, et qu’en partie elles ont créé.
  • Microsoft, 60md$ de CA, possède 40% du marché du logiciel. Elle vend essentiellement aux entreprises. Son marché croit organiquement de 8 à 13% par an.
  • Google, 20md$ de CA, possède 40% du marché de la publicité sur Internet. Elle vend essentiellement au grand public. Son marché croit organiquement de 30%. Google suit la courbe de développement de Microsoft, avec quelques années de retard.

Pourquoi ne peuvent-elles pas s’attaquer l’une l’autre ? L’exemple de Microsoft. Le marché de la publicité sur Internet est divisé en 3.

  1. Moteur de recherche : 30 à 40$ par client (Google a 70% du marché).
  2. Sites de contenu (bandeaux publicitaires de sites tels que Le Monde.fr…) : 2 à 8$ par client.
  3. Contextualité / relation (Facebook, Hotmail…) : 0.

Microsoft est présent sur le 3ème segment et voudrait pénétrer le premier. Mais en dépit de milliards de $ d’investissement est incapable de mettre au point un moteur de recherche qui apporte autre chose qu’un avantage marginal par rapport à celui de Google. Acquérir Yahoo! serait une erreur: les cultures des deux entreprises sont tellement différentes, que la fusion s'achèverait en bain de sang pour un gain de part de marché illusoire.

Quant à Google, attaquer le logiciel d’entreprise lui demande d’acquérir un savoir faire de vente à l’entreprise du type de celui d’IBM. Au mieux difficile et long. Le tout pour une rentabilité beaucoup plus faible que celle à laquelle Google est habitué.

Les entreprises sont comme les êtres humains, elles ont une morphologie qui les dispose naturellement à certains métiers, mais pas à d’autres.

Autre trait. Pragmatisme alpha et omega pour ces deux monstres. Aucun souci de stratégie impeccable, de produit parfait : ils mettent au point par essais et erreurs, ils testent en permanence. Vision à long terme n'appartient pas au vocabulaire anglo-saxon.

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