Un article du Monde.fr du 1er Novembre (Annick Cojean). La journaliste parle avec des employés de la Camif, en liquidation. Son service après vente était exceptionnel (à l’heure actuelle, ça vaut de l’or !), clients (sociétaires) et fournisseurs étonnamment fidèles… Pourquoi en est-on arrivé à la liquidation ?« les dérives incohérences, errements, d’une hiérarchie aux antipodes de l’esprit Proust (le fondateur) », et saisie de « folie des grandeurs ».
Je ne connais pas l’affaire. Mais deux théories me viennent en tête, à son sujet :
- La Camif était une coopérative, gérée par ses sociétaires. Les fondateurs (des instituteurs) semblaient avoir parfaitement assimilé leur nouveau métier. Ils ont dû créer une belle entreprise. Elle gagnait certainement de l’argent sans efforts. Leurs successeurs avaient-ils les mêmes compétences ? Les administrateurs de tels organismes sont des militants les plus actifs, pas des experts techniques. Et ce que cherchent ces militants est rarement l’intérêt collectif, plus souvent la satisfaction d’une ambition personnelle. Les structures sociales attirent, paradoxalement, l’individualisme et l’ambition, parce qu’elles sont la source du pouvoir et de la richesse. (cf. l'exemple des Borgia et de l'Eglise.)
- Il y a beaucoup d’autres structures du même type (les coopératives, les mutuelles, le Crédit Agricole), qui n’ont pas subi le même sort que la Camif. Pourquoi ? Il y a une étape importante dans la vie d’un tel organisme : la professionnalisation. Progressivement les sociétaires deviennent administrateurs et laissent à des managers professionnels les fonctions opérationnelles. La transition est difficile : comment choisir ces nouveaux collaborateurs ? Surtout quand on ne connaît plus le métier de l’entreprise. Comment ne pas les gêner dans leur travail, alors qu’on considérait l’entreprise comme sa propriété ?
Sur l’infiltration par l’individualisme des structures de solidarité collectives :
Capitalisme et destruction.
3 commentaires:
Le crédit agricole est une coopérative bancaire , ou plutôt ses caisses régionales le sont et sont propriétaires de la holding Crédit agricole SA qui a aussi une part en bourse.
Depuis longtemps ces structures étaient professionnalisées et pas uniquement gérées par des militants, sauf au niveau de la gouvernance (et encore). Ce qui est flagrant c'est que ces structures, tout comme les coopératives du secteur agricole, ont à résoudre une vraie difficulté à garder leur mission de départ dans un environnement qui ne tient pas compte des objectifs du fonctionnement d'une coopérative, à savoir la satisfaction des besoins des coopérateurs. Ensuite, il y a parfois une dérive technocratique liée au mode de gouvernance de ces structures où les choix collectives reposent souvent sur des personnes individuelles qui imposent une certaine vision du développement face à des administrateurs qui restent attachés aux valeurs de base. Vous trouverez des études sur ces tensions dans les travaux de la RECMA (recma.org) ou de l'addes (addes.asso.fr)
Merci beaucoup. C'est très gentil.
Le sujet m'intéresse et je recherche des sources d'information.
Plus que la mutation des dirigeants, c'est la mutation du marché qui a lentement érodé la position de la CAMIF. Si le modèle de vente par catalogue marchait bien dans les années 80, il aurait fallu comprendre RA PI DE MENT le enjeux de la vente en ligne. Un groupe comme PPR s'est radicalement occupé de cette transformation des amrchés entre 1999 et 2001. La CAMIF n'a pas eu la même sagesse...
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