vendredi 26 juin 2009

Leçon de grec ancien

ROMILLY (de) Jacqueline, TRÉDÉ Monique, Petites leçons sur le grec ancien, Stock, 2008. Je me suis posé la question suivante : Heidegger semblait croire que le grec était le langage de l’être, logos - parole ; mais la Grèce c’est aussi le pays du logos - raison, et j’ai dis ailleurs que le français des Lumières semblait le langage de la raison, or, en ces temps lointains, on lisait le grec ; le grec aurait-il eu des vertus particulières ? Des termes qui révèlent les sentiments (Heidegger), ou une mécanique qui permet de penser en écrivant, ou d’écrire sa pensée (Lumières) ?
  • La particularité du grec est de ne pas avoir été un langage de conquérant, mais de s’être diffusé pour ses vertus ou ses réalisations, d’abord chez les Romains, puis, à partir de la disparition de Constantinople, en Europe occidentale.
  • Le grec a l’air d’une langue particulièrement dense (2 fois plus que le français), où un mot se charge de sens à coups de préfixes, de suffixes, de déclinaisons… Cette autonomie permet de jouer sur l’ordre des mots pour donner de puissants effets de style. C’est probablement un langage de la subtilité. Tout semble se prêter à modifier, nuancer, le sens d’un terme : les dérivations des mots, les modes et temps des verbes, les articles qui permettent encore plus qu’en français de substantiver beaucoup de choses… Le plus bizarre est probablement des particules intraduisibles en français, qui lient les phrases les unes aux autres, et qui en renforcent le sens de manière « subliminale ».
  • C’est un langage apparemment précis, et particulièrement adapté à exprimer la pensée, les émotions, le mouvement des éléments naturels, la vie : « Ainsi, dès le départ, la langue grecque ancienne semble prête à mettre sous nos yeux, sous une forme simple, directe et vivante les sentiments les plus variés. »
  • La puissance évocatrice de la langue, ou la nouveauté de son invention ?, semble avoir été telle qu’elle a pu faire croire aux sophistes qu’il suffisait de l’utiliser parfaitement pour faire survenir ce qu’elle exprimait, ou du moins asservir leurs contemporains : « (…) ils ont tenté de s’approprier ainsi la puissance quasi magique de l’art des poètes afin de faire de la prose la rivale de la poésie pour, en quelque sorte, ensorceler les âmes. »
Je n’ai pas répondu à ma question. Mais était-ce possible avec un seul livre ?

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