dimanche 21 juin 2009

Mères porteuses : libres ou exploitées ?

Un débat entre esprits supérieurs : d’un côté on dit que l’homme n’a pas le droit de vendre son corps, de l’autre qu’il a le droit d’en faire ce qu’il veut.

  • Rousseau me semble avoir un avis pertinent sur le sujet. Le fondement des droits de l’homme, que l’homme n’ait pas à subir la volonté arbitraire d’un autre, n’est pas seulement d’empêcher que l’un puisse asservir l’autre, mais que l'on puisse avoir envie d’être asservi. Si un humain pense que porter, puis perdre, un être pour qui ordinairement il est prêt à donner sa vie, vaut un peu d’argent, n'est-ce pas qu’il est déjà dans un état qui lui a retiré toute liberté, tout droit ? Je crois qu’il y a là une des grandes hypocrisies dont sont familiers les Anglo-saxons, et que l’on retrouve dans d’autres débats, par exemple sur les OGM : par des moyens élégants, ils nous projettent dans l’abjection, de façon à ce que la seule liberté qu’il nous reste soit celle de nous vendre.
  • Le point de vue français est qu’il faut empêcher l’avilissement, par la loi. Est-ce moins hypocrite ? Nous ne rétablissons pas l’être dans ses droits, mais lui retirons le dernier droit d’une situation de non droit.
Durkheim aurait probablement interprété la volonté d’être mère porteuse comme une pathologie de la société : une société qui contraint ses ressortissants à se vendre n’est pas saine. Notre rôle est de la soigner, non de légiférer.

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