jeudi 11 juin 2009

Crise : destruction destructrice

Simon Johnson propose une explication de la crise américaine (mère de la crise mondiale) : la destruction des règles qui assuraient l’équilibre des pouvoirs entre organismes économiques. Le phénomène se reproduit périodiquement ; si l’on en croit l’histoire, il faudra 10 ans pour reconstruire cette infrastructure de règles. C’est intrigant :

  • L'idée d’une législation qui cherche à maintenir l’équilibre des forces rappelle la théorie de Rousseau selon laquelle il ne peut y avoir de liberté sans égalité, égalité étant justement entendue au sens de Simon Johnson : égalité de forces (et non au sens de l’égalitarisme moderne).
  • Pour moi la crise vient du manque de solidarité du tissu social (la société occidentale est individualiste), qui est périodiquement pris de passions et de peurs (« greed and fear »), incontrôlables de ce fait. M.Johnson aurait une vision un peu plus organisée de la société que la mienne. Pourquoi pas.
  • La théorie de Simon Johnson est corroborée par Galbraith, notamment, qui observe que les classes économiques cherchent en permanence à court-circuiter les règles qui les contrôlent de manière à déconnecter l’économie de la réalité. Les crises, dans ces conditions, correspondraient au succès périodique d’attaques de parasitisme.
  • L’idée de la reconstruction du tissu social prenant une décennie rejoint les observations de John Kotter concernant la rénovation de la culture d’une organisation qui demanderait une quinzaine d’années. Mais cette rénovation a-t-elle commencé ? Une erreur concernant M.Obama est qu’il n’est pas un « leader » du changement désiré par M.Johnson. Certes il a parlé de changement pendant sa campagne, mais ça n’en fait pas Roosevelt. En effet, il a commencé à batailler en 2006, époque de béatitude capitaliste. Son projet était probablement celui de Tony Blair : pousser le marché au maximum de son efficacité (il est entouré de prix Nobel) mais en répartir les profits d’une manière plus socialiste que par le passé (= changement). C’est pour cela qu’il replâtre. Il est donc possible que la réparation n’ait pas commencé, et que les palliatifs utilisés ne fassent que la rendre plus difficile.

KOTTER, John P., Leading change, Harvard Business School Press, 1996.

Aucun commentaire: