mardi 23 juin 2009

Discours présidentiel

Hier discours du président de la République. J’ai hésité. Commente, commente pas ? Si j’avais commenté, voilà ce que j’aurais dit :

Ce discours évoque le programme des présidentielles, en ce que l’analyse des inquiétudes nationales est sûrement bonne et que les sentiments sont tout aussi bons. Je ne suis pas enthousiaste parce que le scénario suivant semble se répéter : bon diagnostic, bonnes paroles, et c’est tout ; la situation empire donc ; bon diagnostic, bonnes paroles... Le président sait lire les sondages, mais la mise en œuvre du changement n’est pas son art premier.

Certes, mais n’est-ce pas le sort de tout discours ? Comment en tirer une quelconque idée de ce que va faire celui qui le prononce, et de ses chances de mettre en œuvre ses propos ?

Si ce discours avait fait un diagnostic convainquant, et inattendu, du mal de la France - par exemple, notre problème est notre dette ; s’il avait été suivi d’une explication convaincante du mal - par exemple, dettes endémiques, plan de relance, sécurité sociale, chômage, vieillissement de la population ; s’il avait continué par une explication convaincante des remèdes au mal - la France doit travailler plus pour gagner plus - et augmenter la masse globale d’impôts (= il faut accroître le nombre de gens qui travaillent) ; s’il avait indiqué les moyens envisagés - flexisécurité, allongement de la durée travaillée ; s’il avait dit les difficultés qu’allaient rencontrer ces moyens (ce qui manque à la France pour mettre en place la flexisécurité danoise, et les blocages à une augmentation de l’âge de la retraite), qui expliquent pourquoi on n’y a pas eu recours plus tôt ; s’il avait conclu, de manière convaincante, en nous laissant entrevoir comment il allait régler ces questions, les moyens qu’il mobilisait ; alors l’allocution présidentielle aurait été un grand moment.

Compléments :

  • On notera au passage que cet exemple de discours (qui n'a d'autre vertu que d'être un exemple) aurait eu l'avantage supplémentaire de dire que le chômage était l'ennemi du pays contre lequel toutes ses forces étaient combinées, non un mal ennuyeux, mais secondaire.
  • Une envolée lyrique concernant l'écologie, envisagée il y a encore peu, aurait pu aussi faire l'affaire. Il aurait suffi de montrer que la France avait un avantage concurrentiel dans ce domaine et que l'exploiter nous permettait de relever la tête et de ne plus craindre les aléas climatiques et économiques.

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