dimanche 14 juin 2009

Paix chinoise

Thème récurrent chez les économistes anglo-saxons : la Chine doit consommer pour relancer l’économie américaine. C’est dans son intérêt bien compris. D’ailleurs son obstination à accumuler est coupable de la crise. Imparable ?

Que devient l’Amérique si la Chine ne l’aide pas ? Selon les économistes, au moins une décennie de sur-place (scénario de la crise japonaise). Faute d’avoir appliqué à son système bancaire le traitement de cheval suédois, il demeurera fragile et ne pourra alimenter l’économie.

Il n’y a là un problème pour la Chine que si elle adopte la logique économique américaine, de la course à l’enrichissement matériel. Et si la Chine refusait cette logique ?

  • Les règles du capitalisme sont culturelles, celles de l’Occident et du monde anglo-saxon. La Chine ne sera qu’un joueur maladroit tant qu’elle n’aura pas imposé son propre jeu, venu de sa culture.
  • Pourquoi acheter des bons du trésor américain, sinon pour augmenter artificiellement le prix du dollar, et rendre artificiellement performantes ses exportations ? Prendre les barbares américains, et accessoirement occidentaux, au piège de leur crise, n'est-ce pas un moyen de les mettre hors d'état de nuire ?
  • La décennie perdue ne lui permettrait-elle pas d’imposer un modèle qui semble poindre, centré sur elle et débarrassé de tout risque (ce qu’elle cherche à faire en achetant ses sources d’approvisionnement) ? Retour au modèle antique d’une Chine qui domine une périphérie anesthésiée qu’elle a corrompue ?

Compléments :

  • La Chine pourrait désirer se venger, parce que l’Occident l’a dépecée, avec beaucoup moins d’élégance que les Mongoles (qu’elle a absorbés), et surtout avec un total mépris pour ce à quoi elle tient le plus : sa culture. GERNET, Jacques, Le monde chinois, Armand Colin, 4ème édition, 1999.
  • La vengeance est d'ailleurs recommandée par les scientifiques : SIGMUND, Karl, FEHR, Ernst, NOWAK, Martin A., The Economics of Fair Play, Scientific American, Janvier 2002.
  • Si nous ne nous sommes pas vengés des fauteurs de crise, c’est probablement parce qu’ils sont au pouvoir, et qu’ils nous ont convaincus qu’ils étaient notre seul recours (Géniale droite).

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