Pensée grecque
Alors que les Mycéniens avaient construit un panthéon de dieux hiérarchisé identique à leur organisation sociale, les Grecs ne gardent de cet édifice qu’un souvenir vague, leurs dieux sont loin de leur vie. Leur société est faite sur le principe de l’égalité, de la complémentarité entre fonctions spécialisées et de l’affrontement d’intérêts individuels. Leur souci est d’assurer l’équilibre de cet édifice instable, dont l’ennemi est « l’hubris » (surtout vu comme soif d'enrichissement, mais que j’interprète, plus généralement, comme la folie de démesure de l’individu, qui oublie qu’il n’est rien sans la société).
Ils confient les anciennes prérogatives du roi à l’État, qui représente la communauté, le « bien commun ».
Le roi ne dit plus le droit, c’est la loi qui s’en charge, et le débat, dont le principe est la parole, la démonstration. De même, la monnaie, la force, l’écriture, la religion deviennent l’apanage de l’État, donc de tous.
La stabilité de ce monde, fait de forces antagonistes, est assurée par des principes géométriques, visant à équilibrer ces influences, et non plus par des mythes. C’est en cela que l’on peut parler de pensée « rationnelle ».
Cependant cette pensée, la philosophie, contrairement à la nôtre, ne cherche pas à agir sur la nature, mais seulement sur le groupe humain. Sa matérialisation est la cité, qui est l’image de l’équilibre. En son centre est l’Agora, symbole de l’État et du bien commun, qui appartient à tous et à personne en particulier. C’est là que se décident les affaires de l’État, et de l’individu. Autour d’elle, les citoyens (pour le Grec citoyen = homme) occupent des positions interchangeables et symétriques.
Commentaires
Je retiens de ce livre le lien entre la pensée individuelle et la structure de notre société. Notre édifice social est accompagné « de modélisations » (mythes ou science) qui en justifient l’organisation. Par conséquent, l’émergence de toutes les grandes pensées et religions, il y a 25 siècles, s’explique peut-être par l’avènement de modèles « modernes » d’organisations sociales.
D’ailleurs, inversement, comme le montre l’exemple des Lumières, l’évolution de la pensée d’une société conduit à celle de son organisation (marquée par
Enseignement ? Penser c’est transformer l’organisation sociale. Travail de titan ! Plutôt que de prétendre penser par ses propres moyens (hubris ?), serait-il plus habile de chercher à convaincre la société de s’en charger ? De son évolution résultera, sans efforts, une pensée neuve ?