Avec des parties de la zone euro broyées par la récession et le chômage de masse, beaucoup regardent avec espoir du côté de M.Hollande (Charlemagne: Going for growth, but how? | The Economist)
Le pire est que, probablement, la transformation n'attend qu'un catalyseur. Il n'y aura pas d'excuse à l'échec :
- À gauche comme à droite, de la BCE à l’Allemagne, en passant par la Grèce et l’Espagne, et l’Amérique, tout le monde pense qu’il faut aller de la rigueur à la relance. À gauche, on voit F.Hollande comme l’hirondelle qui va faire le printemps socialiste. À droite (Markel et Rajoy), il est probable qu’on l’attend pour pouvoir changer de politique sans paraître changer d’avis.
- Les extrêmes sont entrés partout en force et menacent leurs pays et l’Europe de chaos. Si quelque chose n’est pas fait pour améliorer le sort de leurs électeurs, ils vont mettre leur menace à exécution : contraindre leurs nations à l’autarcie, et l’euro au démantèlement. Et là, ce sera la crise, la vraie, comme en 29. Et les marchés n’aiment pas l’incertitude, et surtout pas celle-là.
- L’économie de l’Amérique, donc la réélection de son président, a besoin d’une Europe qui marche, et qui sorte d’une rigueur suicidaire.
- Il y a accord sur la marche à suivre. Il faut emprunter sans paraître emprunter. Faire des emprunts européens, et demander à la BCE d’imprimer de l’argent. Ensuite, il faut rééquilibrer la compétitivité relative des pays de la zone euro par l’inflation allemande, pour éviter la déflation ailleurs (Message to the Bundesbank). Il faudrait aussi que l’Allemagne veuille bien stimuler sa consommation interne. Finalement, on parle de réformes structurelles. Deux tendances s'affrontent. En premier, les idées libérales : ouvrir encore plus les frontières de l’Europe, éliminer tout ce qui défend l’emploi. Mais, les opinions publiques sont-elles prêtes à entendre ces idées ? D’ailleurs, à considérer l’Angleterre, on peut douter de leur efficacité. Cependant, il y a aussi des mesures structurelles moins impopulaires et plus keynésiennes : faire fonctionner l’Europe comme un vrai marché intérieur, investir pour faciliter les échanges (grands projets européens – par exemple transport, énergie…), etc.
Bien sûr, une même mesure étant acceptable si elle porte un nom, mais
pas si elle en porte un autre, tout cela demandera des négociations délicates.
F.Hollande peut-il réussir ? Paradoxalement, je me
demande s’il ne manque pas d’ambition. Il a été présenté comme un bolchevique
au couteau entre les dents, alors que ce qu’il
réclame est modeste, et qu’il l’a déjà en partie obtenu…
Compléments :
- The euro crisis: A winner in France, alarm in Greece | The Economist
- Des pays sortiront-ils de la zone euro ? Ce n’est plus aussi inconcevable qu’il y a quelques temps. (Spain’s woes: Those sinking feelings | The Economist)
- Mitterrand aurait dit de Gorbatchev, après avoir rencontré Reagan : « lui, au moins, il comprend ». On pourrait dire de même de Hollande par rapport à Sarkozy : Hollande: «Il n’y a aucune séquelle…» avec Angela Merkel | Slate. Mais être intelligent n’est pas suffisante pour réussir, comme l’a découvert M.Obama à ses dépens.
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