Fronde des élus locaux : "les élus locaux ont dressé un tableau noir de notre pays. La crise du Covid-19 a mis en exergue "l’ultra-centralisation" de l’Etat et son inefficace "organisation verticale", a critiqué François Baroin. "La centralisation est revenue à un niveau que nous connaissions dans les années 1970", a insisté André Laignel. À l’inverse, les collectivités territoriales ont su faire preuve de "réactivité, d’adaptabilité et d’opérationnalité" pour "proposer et mettre en œuvre des solutions à des difficultés qui ne relevaient pas toujours de leurs compétences", soulignent les responsables de Territoires unis." (Article.)
Que se joue-t-il ? Si l'on reprend le fil de ce blog, on peut faire une hypothèse. Contrairement à ce que dit André Laignel, l'Etat actuel n'est pas celui des années 70. Il résulte d'un paradoxe. C'est un Etat thatchérien (ou léniniste), qui avait pour objectif la révolution ! (Thatcher and sons.) Il voulait écraser les collectivités locales, dépensières, inefficaces, illibérales. (Analyse de Patrick Le Galès.) Pour réussir, le changement demandait une concentration centrale de forces, ainsi que des chevilles ouvrières de mise en oeuvre des politiques centrales : les agences. Tout ce qui était intermédiaire (chambres de commerce, des métiers...), dont les corps de l'administration (corps des ponts...), a volé en éclats. Le libéralisme, c'est la liberté, donc l'individu et rien d'autre. Le changement a raté, et il reste, en France comme en Angleterre, un Etat hypercentralisé, de plus en plus gros et inefficace, car fait d'exécutants de basses oeuvres, coupés des réalités. Nouveau paradoxe : cette révolution a fait d'une administration compétente ce qu'elle dénonçait : une administration soviétique.
Dernier paradoxe : comme André Laignel, les élus usent d'un discours libéral pour dénoncer l'Etat qu'a créé le libéralisme. Frères ennemis ?
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