Les deux précédents billets me remettent en mémoire la défense par M.Sarkozy de son fils. Il dit qu’il a été élu conseiller général à la loyale, et que son accession à la direction de l’EPAD est légitime.
Oui, mais combien de Français peuvent-ils être élus conseiller général, à 21 ans ? Mes élèves de DESS (encore appelé Master2) de Dauphine ont 21 ou 22 ans, ils ont passé leur temps à étudier (dans ce domaine, ils ont 3 ans d’avance sur J.Sarkozy, qui en a 23) ; et quelle serait la probabilité de succès politique d’un jeune peu diplômé ?
D’après Dominique Rousseau, Tocqueville avait déjà identifié la question :
Il est intéressant de relire Alexis de Tocqueville. A son retour des États-Unis, vers 1830, Alexis de Tocqueville défendait l'introduction du suffrage universel. A ses amis qui le traitaient de fou, il disait en substance : "Ne vous inquiétez pas, le suffrage universel ne fait que légitimer l'exercice du pouvoir par ceux qui l'ont déjà."
Le phénomène ne se limite pas à la famille présidentielle, il est partout en politique, y compris au sein des syndicats. Comment parvenir à une démocratie qui soit réellement représentative ?
Compléments :
- L’état de mes réflexions sur la réforme de la démocratie : Fils d’appareil.
- Pour l'importance de la loi dans le renouvellement des élites, voir le billet précédent.
- Et si Jean Sarkozy était effectivement le meilleur candidat en présence ? Après tout, c’est ce qu’on nous dit. Imaginons que l’on décrive le poste, les capacités qu’il demande et que l’on mette en face le CV des Français, combien seraient jugés meilleurs que celui de M.Sarkozy ? ça se chiffrerait en milliers ? millions ? Bien entendu, il n’y a pas que la compétence intrinsèque de l’homme, il faut aussi prendre en compte des facteurs sociaux dans la sélection : un candidat exceptionnel pourrait ne pas survivre dans l’écosystème de l’EPAD. Ceci donne une curieuse image de nos processus de sélection des plus hautes fonctions de la nation.
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