dimanche 15 août 2010

Nietzsche pour les nuls


Tanner, Michael, Nietzsche, A Very Short Introduction, Oxford University Press, 2000.

Nietzsche n’a pas construit de « système » : son œuvre n’est pas cohérente. Chaque ouvrage débouche sur une impossibilité que le suivant essaie de résoudre – d’ailleurs ses textes ne prétendent même pas à la cohérence interne ; les concepts pour lesquels il est fameux (le surhomme par exemple) n’ont pas de descendance dans son œuvre… Parmi les idées que j’ai cru comprendre :
  • Le problème à résoudre serait : comment vivre dans un monde inhumain (absurde ?) ?
  • Première solution (mauvaise) : se lamenter sur son sort (romantisme).
  • Seconde solution (meilleure) : renoncer à son individualité et à la raison, se dissoudre dans un groupe en quelque sorte façonné par une sorte de tragédie totale, qu’a essayé d’écrire Wagner.
  • Troisième solution : le surhomme. Le surhomme est celui qui transcende l’abjection du monde. 
Le mal de la société serait sa culture, les règles qui guident nos comportements. Elles nous (Allemands ?) font souffrir. Il faudrait les détruire et en réinventer de nouvelles. Travail de surhomme. Qu’est-ce qui ne va pas ? Elles auraient été conçues par les esclaves, à l’insu de leurs maîtres, pour réduire en esclavage ces derniers.

Commentaires :

D’ordinaire, je dis que les philosophes mettent en équation l’expérience de leur âge, et que leur enseignement est utile à condition de se trouver (au moins partiellement) dans les conditions dans lesquelles ils ont vécu. Pas facile de tester cette théorie avec un livre aussi court et qui donne aussi peu d’éléments de contexte. D’ailleurs, la philosophie de Nietzsche semble plus indiquer des pistes que des solutions (systèmes).

Mais il est tentant de reconnaître l’idée, courante en Allemagne à l’époque, selon laquelle la race germanique, supérieure, est aux prises, depuis un millénaire, avec une sorte de fatalité. De même on retrouve la négation de la raison, l’homme fusionnant avec le groupe, et le surhomme, qui ailleurs est le guide du groupe.

Quant aux enseignements utiles, j’ai du mal à les distinguer, sinon en négatif. Les solutions aux problèmes du monde ne passent ni par une destruction de notre culture – effectivement manipulable - ni par un abandon de la raison, mais, à mon avis, par l’usage de la raison pour faire évoluer notre culture, autrement dit par la conduite du changement.

Compléments :

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