Discussion avec Jean-Pierre Schmitt : pourquoi autant de chômage ?
- Et si la réponse était que les forces créatrices de la nation ont été emmenées loin des contingences de l’économie réelle et se sont égarées dans un rêve non durable, à la fois financier, mais aussi immobilier et industriel (surcapacité). Bref des secteurs économiques se sont trop développés et ont empêché d’autres plus utiles de naître et de créer des emplois ?
- Mais ce raisonnement américain est-il juste pour la France ? Une étude dont je parle ailleurs explique notre chômage endémique bien plus simplement. L’État d’après guerre a construit des conglomérats dont une partie subventionnait l’autre. Dans les années 80 les hauts fonctionnaires qui les administraient, incapables de développer les activités en perte – car pas formés pour cela, s’en sont débarrassés.
- Pas totalement satisfaisant. Les Allemands, qui semblent avoir eu de meilleurs managers que les nôtres, ont défendu leurs conglomérats. Mais ils ont néanmoins un niveau de chômage comparable au nôtre. Une autre solution est chez Eamon Fingleton : la disparition de l’industrie. Le tertiaire crée le chômage, parce qu’il demande un haut niveau de qualification accessible à peu. En outre, il ne construit pas de solides avantages concurrentiels. L’industrie, elle, permet de conserver des emplois peu qualifiés. Or, l’industrie a fondu en Occident, y compris, semble-t-il, en Allemagne, qui aurait délocalisé à l’est.
- Autre analyse : notre économie, comme l'Amérique mais de façon moins marquée, est excessivement tirée par la demande de notre propre marché. Peut-être faudrait-il l’orienter plus vers les besoins de nos entreprises (gains de productivité) et des pays émergents, marchés excédentaires ?
1 commentaire:
Quelques compléments :
- les entreprises françaises produisent essentiellement pour le marché intérieur et exportent peu par rapport aux entreprise allemandes, étant moins compétitives à l'international
- elles devraient produire des biens d'équipement, des machines, des systèmes de production industrielle, comme elles le faisaient autrefois (cf le lamentable plan machine-outil)
- pour réussir il faut innover et pour cela mobiliser tous les acteurs de l'entreprise, donc travailler en équipe et responsabiliser largement, mais aussi répartir équitablement les fruits de la réussite
- qu'il serait judicieux de valoriser les emplois industriels auprès des ingénieurs et des techniciens, comme savent le faire les entreprises allemandes
- nommer à la tête des entreprises, comme en Allemagne, des dirigeants qui connaissent l'entreprise car ils y ont fait toute leur carrière et n'ont pas été parachutés...comme en France
- abandonner le biais de la belle solution parfaite qui arrive sur le marché bien après les produits innovants des concurrents, plus modestes
Jean-Pierre Schmitt
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