- The Economist est un très vieux journal qui a été créé en 1843 pour une croisade : le libre échange. Depuis ses origines, il est très proche des intérêts de la City de Londres. The Economist est une pendule arrêtée, quoi qu’il arrive, il demande plus de libéralisation. Et lorsque cela ne fonctionne pas, comme le note régulièrement ce blog, The Economist accuse l’État et la démocratie d’incompétence.
- The Economist vote Rajoy et Monti, deux libéraux qui cherchent à faciliter les licenciements dans leurs pays. Là ne semble pas être la solution à nos problèmes à court terme. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un cercle vicieux, et que ces mesures ne peuvent donner des résultats qu’à long terme. Surtout, parce que mettre des gens au chômage en période de crise accélère la crise. L’Allemagne s’en est bien gardée, d’ailleurs. Enfin, parce que le chômage espagnol est en parti dû à des réformes libérales anciennes qui ont rendu précaire le sort d’une grosse partie de la population, le reste étant parvenu à se protéger (la France a subi le même type d’expérimentation, cf. nos nuées d'intérimaires, mais ses conséquences sont moins marquées). D'ailleurs, un licenciement facile n'est pas évidemment bon pour la santé d'une économie. En effet, cela tend à créer une classe de prolétaires sans qualification. Or, depuis Adam Smith, le dieu de The Economist, on soupçonne que ce qui fait la richesse d'une nation, c'est la spécialisation des ses membres qui permet le gain de productivité maximal. Ce genre de réforme ne se fait donc pas en claquant des doigts, sous peine de créer des effets pervers.
- The Economist nous menace des foudres du marché. Nous sommes surendettés, n’est-ce pas ? Curieusement, l’Angleterre connaît des crises depuis plus de 150 ans, et à chaque fois la City sort le même argument : l’Angleterre ne peut pas se payer un système social aussi généreux (déjà, il y a 150 ans !). Et à chaque fois ça se termine par une dévaluation. L’Espagne et l’Irlande étaient peu endettées et vont très mal. Les USA sont très endettés et vont bien. Le danger vient, curieusement, des amis de The Economist, les marchés financiers. S’ils comprennent qu’ils n’ont rien à gagner en spéculant contre notre dette, nous vivrons heureux. Pour le moment, c’est la BCE et ses mesures « non conventionnelles », qui sont notre garde fou.
- Notre souci à court terme est donc de relancer notre croissance. Une idée pour cela me semble de faciliter la coopération entre pays européens. Si l’Allemagne, en particulier, se mettait à consommer un peu plus, ça ferait probablement beaucoup de bien à tout le monde, à commencer par l’Allemagne puissance commerçante, qui a besoin de clients en bonne santé… Quant à nos dettes, au poids de notre État… il serait dangereux de prendre des mesures précipitées.
Pour une fois, notre fameuse résistance au changement me
semble bénéfique.
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