dimanche 18 mars 2012

Face cachée de l'effet de levier

Adepte de l'effet de levier depuis l'éclairage de Christophe FAURIE, voici une illustration intéressante tirée d'une lecture récente (Freakonomics de S.D. LEVITT et S.J.DUBNER).

En 1995 un éminent criminologue, James Alan Fox, remet un rapport décrivant le ras de marée inévitable de la criminalité imputable aux adolescents, aux USA pour les 10 prochaines années. Il évoque 15 à 30 % d'augmentation! L'ensemble des politiques, des criminologues et des prévisionnistes lui emboîte le pas, jusqu'au président Clinton, lui-même.

Tous les fonds d'exception étaient alors alloués au combat contre la criminalité. Et c'est alors que les courbes au lieu de grimper se sont effondrées. La diminution de 50 % de crimes dus aux adolescents étonnait dans son ampleur et chacun de louer la reprise économique, les nouvelles stratégies policières, au contrôle des armes.

Tout ceci était logique rassurant de "bon sens" mais probablement faux! Car en réalité c'est le battement d'aile du papillon qui avait provoqué le cataclysme positif.

Ce battement d'aile s'appelait Norma McCorvey. Une jeune femme pauvre et sans diplôme alcoolique et droguée, enceinte pour la troisième fois à 20 ans. L'avortement était illégal à cette époque et des personnes avisées se sont emparées de son cas et en on fait l'icône d'une procédure collective visant à légaliser l'avortement. Le 22 janvier 1973, les juges se sont prononcés en faveur de McCorvey et l'avortement a été légalisé sur tout le territoire.

Or les études ont montré que les adolescent criminels étaient issus de ces milieux défavorisés auxquels appartenait Norma McCorvey. En légalisant l'avortement, on a éliminé un ferment de la criminalité. Ceci explique bien qu'à partir des années 95, date de prévision catastrophique de Fox, la criminalité baissa. Ces adolescents en âge de rentrer dans la criminalité n'étaient toujours pas nés! Le vivier des criminels en puissance s'était amenuisé et la criminalité avec...

1 commentaire:

Christophe Faurie a dit…

Étonnant, effectivement.
Sacré argument en fonction de l'avortement...

Ça semble aussi montrer que la criminalité dépend énormément des conditions initiales...

Plus généralement. Et si, au lieu de toujours plus de prisons, de policiers, de protection des biens, et d'assurances contre le vol, on donnait un petit coup de pouce aux gens qui souffrent? Peut-être que ce serait rentable?