dimanche 11 mars 2012

Lorenz et le sens de la vie (2)

Simplifier Konrad LORENZ est une gageure présomptueuse! Tant pis, si cela peut simplement donner envie de le découvrir et surtout de réfléchir à la question essentielle : quel est le sens de la vie?

LORENZ était d'abord un biologiste (médecin), puis un philosophe (successeur de KANT). Il nous rappelle que l'homme est le fruit d'une très longue sélection naturelle qui engendre des adaptations. Il est donc constitué par la phylogenèse et l'ontogenèse puis par l'histoire et la culture...mais dans quel but?

Si pour la plupart des espèces animales c'est pour la survie de l'espèce, LORENZ en venait (dès 1973) à en douter pour l'homme, lorsqu'il observait certains comportements de "l'homme civilisé", comme "l'expansion démographique illimitée, la frénésie de la compétition insensée, l'amollissement des citadins".

Surpopulation: pathologie de l'espèce humaine

Selon LORENZ, ces comportements qui, à l'origine, pouvaient avoir une valeur pour la survie de l'espèce, seraient le signe de perturbations, voire de pathologies. Il fait l'analogie avec les fonctions cachées dans l'organisme que l'on découvre lorsqu'elles sont déficientes (comme la thyroïde). Il nous rappelle que l'organisme est puissamment organisé et équilibré par les nombreuses glandes hormonales dont le jeu complexe a été construit lors de l'évolution de l'homme. Si l'harmonie entre ces dosages multiples et subtils d'hormones est rompu, l'organisme tombe malade. L'homme est ainsi mu par un nombre immense de sources interdépendantes d'impulsions destinées à un comportement acquis par la phylogenèse. Ces impulsions, nombreuses, sont ensuite rangées dans des systèmes homogènes comme la haine, l'amour, la colère, l'amitié, l'agressivité, la territorialité, la hiérarchie... Ces impulsions agiraient ensemble comme les hormones et il n' y a ainsi, pas de bonnes ou mauvaises impulsions = comportement, il y aurait un dosage et un but. Il se trouve que le système hormonal, et l'homéostasie qu'il assure, est régularisé par le "feedback négatif". C'est à dire que le système est stabilisé par une fonction régulatrice. Plus le système agit puissamment sur cette fonction et plus sa réaction sur le système est faible.

A la recherche du feedback négatif

Alors comment trouver un "feedback négatif " pour trouver un équilibre de la démographie aujourd'hui galopante, qui menace d'étouffement l'espèce humaine? Selon, LORENZ ce serait le point central qui conditionne un grand nombre de menaces de l'espèce qui pourrait s'étouffer elle-même. Ce serait une première dans le monde du vivant! Ce qui n'est pas durable selon LORENZ c'est le surpeuplement qui menace et la déshumanisation de l'homme qui va de pair! Selon LORENZ ce sont les qualités et les facultés les plus nobles de l'homme et celles que nous estimons les plus spécifiquement humaines, qui semblent appelées à disparaître, du fait de ce surpeuplement.

LORENZ rejoint Christophe FAURIE, lorsqu'il dit que ce qui n'est pas durable c'est la relation entre les hommes, cette relation où le subtil dosage des impulsions est mal régulé... manque d'amour du prochain sincère et chaleureux!


7 commentaires:

Christophe Faurie a dit…

Très flatté d'être comparé à Lonrenz! Chaque génération aurait-elle sa maladie du lien social?

Je me demande si l'inquiétude de la surpopulation ne s'est pas une peu calmée. On est beaucoup plus nombreux qu'à l'époque de Lorenz, mais les peuples semblent tendre à contrôler leur démographie.

Dominique Delmas a dit…

Lorsque LORENZ écrit cela, la population mondiale est de 3,5 milliards environ, aujourd'hui 7 milliards et en 2050 la projection moyenne serait de plus de 9 milliards.
L'espace se réduit, les besoins s'intensifient, la compétition aussi.
Les projection de l'ONU évoque le triplement de la population en Afrique, la décroissance en Europe ( sauf la France) le ralentissement en CHINE, l'augmentation en Amérique Nord et Sud.
Avec comme conséquence un entassement dans les villes et un stress sur la ressource naturelle.
La ville transforme l'homme et il évolue pour s'adapter à cette vie là, ce que dit LORENZ c'est que cette adaptation se fait au détriment de l'homéostasie.
L'écologie montre que les espèces se régulent entre elles et s'auto-régulent, mais l'homme serait la seule à ne pas et ne plus savoir le faire.

Christophe Faurie a dit…

Effectivement, ce que semblait dire des historiens de la révolution industrielle est que ce qu'elle avait d'exceptionnel était que pour la première fois la population humaine s'est mise à croître sans crise. (Peut-être y a-t-il eu l'invention de l'agriculture, avant...)

D'un autre côté, je ne suis pas sûr que les espèces animales s'auto-régulent. Elles fluctuent avec les fluctuations de ce dont elles se nourrissent. Si l'homme venait à bout de ce dont il a besoin pour vivre, il est possible que sa population se réduise aussi jusqu'à ce qu'elle reprenne une taille adaptée. Non?

Sur l'histoire de la société humaine : http://christophe-faurie.blogspot.com/2010/06/la-societe-contre-lhomme.html. Une étude qui semble penser qu'à chaque évolution de la société, l'homme perd des plumes...

Dominique Delmas a dit…

Les espèces sont aussi régulées par le jeu proie prédateur et l'homme n'a pas de prédateur!
Par ailleurs, l'homme a également un impact sur l'environnement de plus en plus marquant (eau, air, forêts, sols, biodiversité...)
Il est fort probable qu'il laisse beaucoup de plumes cette fois-ci à cause de l'effet de levier accentué par la technologie et la masse grandissante.

Christophe Faurie a dit…

Oui, mais n'y a-t-il pas des espèces qui n'ont pas de prédateurs? Les fauves par exemple?

Ne sommes-nous pas régulés, comme eux, par ce qui est nécessaire à notre entretien?

Dominique Delmas a dit…

Les fauves n'ont pas de prédateurs (à par l'homme qui détruit leur espace vital) mais leur nombre est régulé par les proies disponibles. Beaucoup de proies, fort développement, et si les proies sont trop chassées alors elles diminuent en nombres, ce qui va provoquer une baisse de la population des fauves, par retour...
L'homme lui se développe sans fin car il peut accroître la réponse à ses besoins artificiellement : l'agriculture intensive, prélèvement naturels jusqu'à l'extension des espèces... Et avec ce développement arrive toutes les conséquences négatives : les déchets, l'épuisement des sols, la disparition d'espèces utiles (abeilles). Il y a aussi, la technologie qui minimise la sélection naturelle ce qui affaiblit l'espèce, la qualité de la nourriture qui transforme l'espèce, la dégrade (obésité, cancers). L'espèce humaine n'est pas entretenue, elle est de plus en plus fragile physiquement et psychologiquement ( ce qui va de paire).
Alors l'évolution se fera peut être par voie d'évènement catastrophique : virus, pollution chronique massive, prise de ou conscience massive.

Christophe Faurie a dit…

On est d'accord. Mais on en revient au même: le fauve crève de faim, lorsqu'il n'a plus de proie. Ce qui nous arrivera si nous épuisons nos ressources (même si notre "génie" les a fait croître au delà des limites "naturelles").

Mais la force de l'homme, c'est d'avoir une raison qui lui permet de prévenir plutôt que guérir. Si elle le pousse à faire des bêtise, elle peut aussi l'aider à en éviter toutes les conséquences.