lundi 26 mars 2012

Comment fabriquer un terroriste ?

Mohamed Merah, déjà vu (du blog "Arun with a View") reprend le témoignage d’un jeune terroriste ressemblant à celui de Toulouse. Comment en est-il arrivé là ?

Curieusement, c’est un très bon élève, jusqu’au Lycée, qu’il trouve froid et hostile. Il rejoint alors la communauté sympathique des petits voleurs (apparemment la grande majorité des enfants d’immigrés), connaît la prison où il apprend l’arabe et découvre le Coran.

Qu’en déduire ? Qu’il en faut extrêmement peu pour devenir un terroriste. Le mécanisme semble le suivant : formatage à la consommation x chômage = petite délinquance. La prison fournit alors le mécanisme de socialisation qu’attendait l’individu, qui trouve sa voie : la croisade.

La théorie de Lorenz dit ceci : le rôle des rites sociaux est de canaliser l’agressivité de l’individu. Pour certaines parties de la population, les rites d’intégration dans la communauté nationale ne fonctionnent plus. D’autres se sont substitués à eux.

Cela montre aussi peut-être qu’une forme d’économie de marché et de libéralisme qui veulent que l’homme soit une sorte d’électron libre se trompent : l’individu est social par nature. 

3 commentaires:

Dominique Delmas a dit…

Intéressant, mais la question est aussi de comprendre pourquoi il sort du lycée pour verser dans la petite délinquance.
J'ai lu que son père "disparaît dans la nature" au moment de son adolescence".
Le guide et l'exemple que représente son père n'est plus là pour lui montrer les voies.

Herve a dit…

Il n'est ni le premier ni le dernier à sortir de la scolarité suite à des problèmes familiaux. Tous ne versent pas pour autant dans la petite délinquance.

Christophe Faurie a dit…

Oui. ça semble cela: c'est quelqu'un qui a besoin d'un guide à l'adolescence et qui finit par le trouver dans un mouvement extrémiste. Je note aussi que la famille n'est pas absente: sa mère le pousse à revenir à l'école, ainsi que son frère. Ils sont peut-être maladroits, mais il n'est pas facile d'être habile dans ces circonstances.

Cependant, ce que je retiens est que ce cas particulier est fréquent. 1) Les adolescents ont besoin d'un mécanisme qui leur permette de former leur identité d'homme. 2) La famille n'est pas toujours armée pour le leur apporter (divorce, parents maladroits ou débordés...). En outre, lorsque l'on dispose de camps d'entraînement au Pakistan, même un échec de socialisation infime peut faire d'énormes dégâts.

La société doit donc recréer / renforcer des dispositifs qui permettent de rattraper les individus qui s'égarent. Il y a l'école, il y a eu l'armée. Visiblement la prison et la religion sont contreproductives. Nos mécanismes de solidarité extrafamiliaux ont besoin d'être repensés. Il faut aussi chercher à savoir comment éviter qu'un adolescent fragile ne soit transformé en tueur.