Cette nouvelle science aide les puissants à obtenir ce qu’ils
désirent de nous, avec notre consentement enthousiaste. Pour cela, il suffit de
jouer sur les lois sociales, sur ce que les ethnologues appellent « culture ».
Parmentier nous en a donné une grande leçon, lorsqu’il nous
a amené à voler ses pommes de terre, en les faisant encercler par la troupe. Avant
lui, les plus grands stratèges et les plus grands politiques avaient utilisé en
maîtres la psychologie des peuples et de leurs adversaires.
Faut-il rire de l’économiste ? Ou l’encourager dans sa
redécouverte du monde ?
2 commentaires:
Je commence à m’intéresser sérieusement à l'économie comportementale: c'est passionnant. Concernant l'économiste, je ne pense pas qu'il faille rire de lui. Les modèles qu'il propose ne représentent pas toujours la réalité puisque, comme tu le dis très bien, l'hypothèse que l'homme est parfaitement rationnel est rarement validée. En revanche, il arrive que ces modèles donnent des résultats très puissants. On ne peut donc pas les jeter à la poubelle. Mais ce qui m’intéresse, et je suis curieux de savoir ce que tu en penses, c'est de savoir si ces modèles n'influencent pas notre comportement. Est-ce qu'on peut dire que, en énonçant des principes et en construisant un modèle, on ne force pas l'homme à agir selon le modèle? On pourrait alors parler d'une sorte de feedback positif: le comportement de l'homme à un moment donné donne naissance à un modèle fixe. Ce modèle influence l'homme à son tour et le pousse à agir selon le modèle. Ce loop donne encore plus de crédibilité au modèle qui influence encore plus le comportement de l'homme. Ceci expliquerait pourquoi les modèles peuvent être aussi puissants. Qu'est-ce que t'en penses ?
Tout à fait d'accord avec toi. Les modèles que nous créons concernant notre comportement influencent notre comportement. (C'est la fameuse prédiction auto-réalisatrice du sociologue Robert Merton.)
Il y a pas mal d'études sur le sujet. Notamment, des expériences semblent montrer que si l'homme pense que son avenir est déterminé, il se comporte de manière irresponsable. (Ce qui valide une idée de Kant, qui dit qu'il faut se comporter comme si l'on était libre.)
C'est pour cela que les modèles de pensée qui partent du principe que l'homme est le mal, sont extrêmement dangereux.
Par ailleurs, je pense que ce résultat est connu des Anglo-saxons. Ils sont convaincus qu'il faut "rêver" le monde, c'est à dire se battre pour qu'il ressemble à ce que l'on aimerait qu'il soit. Par conséquent, le modèle individualiste (individu omniscient qui optimise son utilité) qui est à la base de la théorie économique classique n'est pas forcément vu comme une hypothèse scientifique sur la nature humaine, mais a pour objet d'amener la société à devenir ce qui semble désirable à l'Anglo-saxon, c'est à dire un univers d'individus libres, sans contrainte sociale.
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