dimanche 18 mars 2012

LORENZ disciple de BOUDDHA?

Après le débat sur l'agressivité, qu'il ne faut entendre que comme un ingrédient comme un autre, (il y aussi l'amour, la colère la compassion, la peur), et qui bien dosé reste utile, je poursuis mon étude de LORENZ et sa vision de la course contre soi-même.
LORENZ s'appuie sur le principe qu'il existe une sélection externe (par le milieu) et une sélection intra-spécifique, la première provoque des évolutions du patrimoine génétique pour augmenter les chances de survie de l'espèce, tandis que la seconde peut les réduire lorsque les individus d'une même espèces entrent en concurrence.

Un faisan- l'argus- sauvé par ses prédateurs!
Il relate les travaux sur l'argus mâle, un faisan qui a développé ses rémiges pour séduire la femelle, mais au détriment de son envol et au péril de se faire dévorer par les carnassiers.
Heinroth, maître de Lorenz avait coutume de dire "le produit le plus stupide de la sélection intra-spécifique est, après les ailes de l'argus, le rythme de travail de l'homme moderne".
L'argus a eu la chance que la menace des carnassiers lui permette de conserver sa capacité, médiocre, de voler, pour survivre et empêche ainsi la sélection intra-spécifique d'entraîner l'espèce vers des développements catastrophiques.

L'homme moderne victime de son développement
L'homme moderne a appris, quant à lui, à dominer toutes les forces du monde extérieur et il est privé de force régulatrice et salutaire, de son développement culturel.
Pour LORENZ, le constat de la compétition de l'homme contre l'homme écrase avec une "brutalité diabolique" la plupart des valeurs que la sélection naturelle a créées.
La réussite est devenue le but ultime et demande de vaincre les autres avec une contrainte impitoyable du dépassement.
Les moyens pour atteindre ce but deviennent une valeur en soi : l'argent (avoir) et le temps (accélération).
LORENZ se pose la question de ce qui porte le plus gravement atteinte à l'âme des hommes modernes : la passion de l'argent ou leur hâte fébrile?
Il note également, mais sans en trouver la motivation, que les hommes au pouvoir, ont intérêt à promouvoir et intensifier cette contrainte du dépassement.
Il met en avant l'angoisse comme jouant un rôle prépondérant. Angoisse d'être dépassé dans la course, de manquer d'argent, de se tromper de décision et de ne plus être à la hauteur d'une situation épuisante!
Cette précipitation angoissée contribue à priver l'homme moderne de ses qualités les plus profondément humaines et en particulier la réflexion.

Ce qui fait que l'homme se délite
Pendant tout le processus complexe et long d'hominisation, le moment décisif a été lorsque l'être s'est découvert lui-même comme objet d'investigation.
Un être qui ne sait encore rien de son propre moi est impuissant à développer un concept, un langage ou une conscience morale et responsable.
Un être qui cesse de réfléchir est en danger de perdre ses facultés et qualités spécifiquement humaines.
Selon LORENZ, la pire conséquence de l'agitation nourrie d'angoisse, serait l'incapacité de l'homme moderne à rester seul en face de lui-même, ne serait-ce qu'un moment.
LORENZ ajoute que l'impératif commerçant qui pousse à posséder toujours plus, conforte cette situation dangereuse où le feedback positif est maximal.

Où LORENZ rejoint les grands sages
L'homme moderne pris dans la tourmente de cette compétition effrénée avec son prochain pour "rester dans le vent", en paye le prix fort : un épuisement nerveux avec une hypertension croissante, des infarctus précoces, des reins atrophiés, des dos noués...et au-delà, des valeurs oubliées.
LORENZ nous alerte, en 1973, sur l'impératif immédiat de replacer l'être avant l'avoir et d'être en harmonie avec soi-même pour être en lien avec l'autre.

Il rejoint CONFUCIUS, LAO TSEU, BOUDDHA, SOCRATE et tant d'autres sages, et confirment par la voie de l'éthologie et de la biologie, leur sagesse séculaire.


3 commentaires:

Christophe Faurie a dit…

Pascal : "Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre".

Si Lorenz dit ce que d'autres ont dit avant lui, n'est-ce pas que les mêmes situations se répètent? Ce qui signifie qu'en dépit de nos peurs, l'espèce humaine survit, et donc que ces peurs ne sont pas aussi fondées qu'on pourrait le croire ?

Dominique Delmas a dit…

Certainement mais les évolutions sont lentes, les modifications se font générations après générations, il faut donc répéter et tenant compte d'autres paramètres qui se présentent, comme la surpopulation, qui accentuent les transformations et éloignent l'homme de plus en plus de ce qui l'a fait.
L'homme est de plus en plus urbain de moins en moins proche de la terre, de ses racines. Les technologies nouvelles, internet, smartphones, télévision, la presse prêt à penser, le upermarché prêt à manger...tout ceci concourt aujourd'hui à le détacher de lui même et à le priver de réflexion. Il faudrait inverser cette tendance.
Sans doute par l'éducation, avec des matières plus introspective, qui développe la libre pensée, la réflexion, l'engagement, la confiance, la compassion...
Pourquoi des matières comme la méditation, la respiration, le Qi Quong, ne sont elles pas enseignées pour se connaître, on éduque les enfants par la compétition, il faut aller dans le "meilleur lycée" et être le meilleur avoir les meilleurs notes, pour se placer au dessus des autres... voilà le message actuel.
Le meilleur n'est il pas comme dit St Ex l'aventurier qui unit les hommes.(Cf C.FAURIE)?!

Christophe Faurie a dit…

Je me demande, finalement, s'il n'est pas une meilleure idée, quitte à transformer le monde, de chercher à le faire tel qu'on aimerait qu'il soit, plutôt que de partir de ses défaillances, et de concevoir l'avenir en réaction par rapport à elles.

En outre, je ne sais pas s'il est très efficace de voir la vie en noir, pour la réinventer.